lundi 21 septembre 2009

Toujours en direct de Finike- départ imminent de Raf et Xavier

(Note de Laurène : On peut cliquer sur les photos pour les voir en plus grand)

Lundi 21 septembre 2009
Comme en général dans la vie, ce que l’on désire très fort finit par arriver.
La pompe réparée rend au moteur un second souffle… et nous procure un tel soulagement que la suite des préparations techniques s’achève en toute légèreté !


Pour récapituler, nous avons maintenant des feux de mouillage et de navigation, un projecteur de pont, une lampe rouge/blanche dans le cockpit et un compas éclairé pour les longues nuits de navigations, une superbe girouette en plastique en tête de mat et une antenne flambant neuve.
Nous avons aussi un petit système D permettant de casser l’angle de la drisse de génois (une intervention qui prenait des proportions démesurées dans mon esprit avant de s’y atteler).
La pompe de cale fonctionne, les panneaux solaires chargent les batteries qui sont solidement arrimées, les soudures et raccords sont passés à la loupe comme l’étanchéité.

Pour boucler ces petits travaux, nous procédons à un grand rangement qui nous coûte une énergie complètement démesurée !
Goudrome est un bateau très spacieux pour sa taille, ce qui a permis à Jean-René de stocker une quantité astronomique d’accessoires.
Une vraie quincaillerie, une boutique d’accastillage mieux fournie que celle de la marina !
Jusqu’ici, chaque rondelle, manille ou vis minuscule nous sauvait de longues galères mais le problème est tout autre quand il s’agit de trier…
Impossible !
Jeter un de ces écrous qui servira peut-être à parfaire le réglage du régulateur d’allure serait du suicide… Raphaël et moi tombons donc d’accord sur cette conclusion satisfaisante : nous allons nous procurer des boîtes.
Quelques allers-retours en vélo et les couvercles sont fermés, ces longues heures à créer des familles : pêche, électricité, etc nous aura fait l’effet de préparer son cartable.

Le jour de marché où je file en vélo après la désormais traditionnelle baignade matinale, nous retrouvons Herbert sur le pont à dix heures pile, comme convenu.
Il porte des basquets, un petit short, un baluchon sur le dos.
Nous l’invitons à s’installer tant nous sommes préoccupés par nos activités en cours mais il ne tiens pas en place, sa casquette est trop petite pour dissimuler le plaisir qu’il a d’être là. C’est partagé, encore un ange envoyé par Jean-René.

Nous quittons la marina dans les règles après avoir annoncé notre départ par VHF sur le canal 73 et sortons jusqu’à la baie au moteur.
Avant même de hisser les voiles que nous avions gréées la veille, nous stoppons le moteur, mettons nos masques et plongeons dans le but d’analyser la partie immergée de la coque.
Le constat est positif, l’antifouling est propre et ne nécessitera pas de sortir le bateau de suite, je nettoie donc l’hélice en apnée au ciseau à bois pour dégager les coquillages qui ont préféré le métal, attaché l’échelle (fabriquée par Raphaël le matin même) pour contrer le courrant qui me surprend.
Nous hissons la grand voile, le génois sans encombre et le vent nous emmène calmement.

Depuis notre arrivée en Turquie, le vent nous a prouvé qu’il se levait vers onze heures, nous le vérifions.
Herbert qui n’est pas sorti depuis un an se régale de passer les écoutes et de faire sonner les roulements des vieux winches et notre jeunesse de tirer de toutes nos forces pour accompagner son mouvement.
Cette première navigation nous fait goûter aux délices de la plaisance, nous tirons de longs bords en nous intéressant avec tant de curiosité que de passion au fonctionnement du fameux régulateur d’allure « Aries ».
Depuis le début de notre séjour, pas mal de marins du port sont venus nous conter leurs histoires autour de cet objet mythique et intriguant.
Le décrire serait difficile aujourd’hui, il faudra un petit temps pour comprendre cette mécanique mais pour faire bref, c’est un mécanisme comme un balancier d’horloge qui a une pale dans l’air et une autre dans la mer et qui combine la direction et la force du vent pour maintenir le cap du bateau !

Le retour au port se fera sans trop de difficulté, mais malgré les soins chirurgicaux apportés aux organes mécaniques, l’inverseur peine et lorsque je fais ma première marche arrière pour un amarrage de type méditerranéen entre deux bateaux (les navires ont tous l’arrière vers le ponton), impossible de repasser au point mort…
Petite frayeur rétablie en repassant en marche avant en forçant un peu sur la poignée rouillée, ouf, manœuvre réussie!

Nous sommes au comble de l’excitation, prêt à partir !
En moins d’une heure je suis allé au bureau pour accélérer les formalités de départ, ai refusé l’achat d’une annexe pourrie, ai acheté une autre annexe que nous mettrons à l’eau immédiatement pour le ravitaillement gasoil à la pompe et pour tester le moteur, de l’annexe…

Ici c’est noël, enfin c’est tout comme, le pays est gelé pour trois jours de fête correspondants à la célébration de la fin du Ramadan.
Pas de police ni douane pour tamponner nos passeports, nous devrons attendre lundi pour savoir s’il est réellement possible de larguer les amarres sans backchiches.
Ceci nous laisse du temps pour peaufiner l’approvisionnement et approfondir l’itinéraire qui sera subordonné à la météo difficile du sud de la mer Égée.

Un grand moment de notre petite existence va passer dans l’encre de ce tampon, ce soir en regardant les puissants éclairs qui illuminent le ciel par-dessus les épais nuages au large, nous imaginons à peine ce que représentent les vingt cinq nœuds établis et deux mètres et demi de vagues qui nous attendent entre Rhodes et la Crète?
On s’accroche aux mesures, vent, hauteur, durée. Trois jours de navigation tout au moins, pour commencer sur une mer où l’on rencontre l’ennui et la bagarre.

Heureusement nous avons confiance en Goudrome et sommes sensibles aux bonnes ondes à bord, nous n’avons pas déplacé d’un poil les sculptures et autres grigris de Jean-René, nous sommes même de plus en plus intrigués par leur présence à bord.



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