vendredi 25 décembre 2009

Feliz Navidad


Merci pour tous ces messages de Noël. Nos pensées étaient avec vous aux pieds de chaque sapin.

De notre côté, nous avons fait entrer à bord 7 personnes au chausse-pied, quelques bonnes bouteilles et les plats les plus généreux mijotés par chacune. Notre seau favori s'est transformé pour l'occasion en seau à champagne (pas celui que vous croyez, nous en avons deux !) et il avait du boulot, par 22°C les glaçons ne sont qu'une illusion de fraîcheur.
Nous nous sommes régalés, sauf Xavier qui a perdu l'habitude des excès et qui a eu une petite faiblesse stomacale au Tiramisu ... Le médecin à bord s'est réjoui de l'ausculter.

Quand à moi, mon tout nouveau cadeau me garantit des heures de quart musicales. Un Ukulélé, j'en rêvais. Cette fois vous n'aurez pas le son, et c'est mieux pour vous !

On vous embrasse fort,
Joyeux Noël
Xavier et Laurène

PS : Depuis que j'ai reçu mon cadeau, je cherche des vidéos explicatives pour dompter mon ukulélé, et je tombe sur cet enseignement de maître... Une fois n'est pas coutume, mais la partager avec vous relève du devoir !


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dimanche 20 décembre 2009

Lanzarote et bricolage









Samedi, le 19 décembre 2009.
Cette fois il ne sera pas question de départ ni même de destination (nous sommes d'ailleurs les heureux destinataires de colis puisque nous avons une adresse depuis presque une semaine). Nous sommes donc aux Canaries depuis 15 jours et avons l'intention d'y rester jusqu'à Noël.
C'est que depuis la Turquie, c'était un peu un contre la montre pour rattraper le soleil, à présent nous sommes pile dessous donc on a moins de question à se poser...

La pause tant attendue, les plages de sables fins qui éblouissent aux pieds des roches volcaniques de l'île de Lanzarote, tel est le décor. Dans l'ordre, nous avons d'abord posé l'ancre dans l'anse de la playa blanca avant de céder à la tentation du luxe de la marina Rubicon, à un souffle de notre mouillage. (aussi un peu aidés dans notre choix par la houle qui nous faisait rouler depuis deux nuits)



Cette Marina Rubicon, un temple où la religion serait la bêtise !
Il faut savoir que le mot Marina n'a rien à voir avec le mot port, ici pas d'activités autres que le stationnement des bateaux et la circulation des euros (nous contribuons minutieusement à ce mouvement, à la mixité...de la monnaie européenne !).
Mouvement accéléré par les retraités qui dispersent gentiment leur bas de laine. Comme je l'écrivais il y a quelques jours à un ami, ici nous sommes au cœur du scénario de la soupe aux choux(version Canaries) où les vieux font de la résistance : je m'explique, un couple de vieux habitent toujours leur maison traditionnelle au beau milieu d'un village commercial flambant neuf ; un programme (tennis, piscine, bars,restaurants et galeries commerçantes parsemées de petites mares où les poissons sont obèses tant ils sont nourris par les touristes).
Un bout d'île tout entier qui a vendu son âme pour accueillir des retraités en masse, des villages entiers tout blancs et neufs comme des verrues aux pieds des volcans.

Bref, ces vieux qui ont refusé l'expropriation arborent des drapeaux et des pancartes de protestation, leurs fauteuils en plastiques devant la façade sont les premières loges pour le spectacle que leur offre le nouveau siècle !
Ici c'est le nivellement de la culture par le bas à coup de bulldozers et de millions d'euros, le pouvoir de l'argent qui annule les différences, le royaume de l'anglais et de l'allemand qui se construit son château en Espagne...

Une photo de la " playa blanca " datant de 30 ans illustrant la côte Sud de Lanzarote nous donne la température de ce qu'a pu voir Jean rené en passant à Arrecife en 1978...C'était comme Graciosa aujourd'hui ! Depuis, les promoteurs n'y sont pas allé de main morte, ils ont tellement construit (et sans permis) que certains villages sont achevés mais vides !
Il y a aussi un homme derrière tout cela, l'artiste César Manrique qui s'est battu pour le paysage en maintenant des gabarits du type des habitations rurales traditionnelles, ce qui évite finalement les immeubles à étages et ce n'est pas plus mal ! Dans l'ensemble, les lotissements sont même plutôt réussis, blancs et assez cubiques comme des volumes enchevêtrés et quelques parements de pierres de laves bien posées.

Bon, vous vous demandez ce qu'on fout là ?
Eh bien on attend !

Nous attendions les colis préparés avec amour par nos mamans respectives, nous les avons reçus ce matin pour le grand plaisir de Laurène (et le mien) qui ne tenait plus en place pour en célébrer l'ouverture !
Un moment qui nous accompagnera pour le reste de notre voyage, un peu comme une fête...chaque petit emballage dans ces boîtes éveillait notre plus grande curiosité. Nous avons été très gâtés : livres, douceurs salées et sucrées, dessins mais aussi quelques mots glissés qui nous ont beaucoup touchés. Je crois qu'il en reste un dernier, lui aussi très attendu...

Voilà, c'était Noël pour nous aujourd'hui (nos maman ont évidemment réussi à nous glisser quelques décorations de circonstances). Merci !

L'autre raison qui nous colle au ponton, c'est le sport, enfin celui du plaisancier je veux dire... Cette activité pratiquée sur les pontons par une grande majorité de marins consiste à réfléchir beaucoup en observant d'abord toute une série de phénomènes à bord de sa propre embarcation avant de la mettre en relation avec d'autres unités du même genre.
Pour pratiquer ce sport, il faut aimer les langues et le bricolage de haute voltige, la première langue est plutôt technique et très riche (vous en avez déjà fait les frais sur ce blog) puisque chaque détail sans exception porte un nom particulier sur un bateau !
Ce lexique est infini, il se divise encore en sous-catégories qui sont elles-mêmes d'autres centres de nos activités sportives quand il s'agit d'outillage, de mécanique, d'électricité sans oublier les théories savantes des différents mouillages ou des types d'amarrages !

Je pratique actuellement ce sport en compagnie de deux excellents joueurs dont le niveau est bien plus élevé que le mien, parfois les sujets sont les fréquences VHF et BLU et les moyens d'optimiser la réception mais nous avons aussi des thèmes plus légers comme les lampes frontales...et les ampoules LEDS !
Le terrain de jeu est en général facile d'accès dans les villes du monde entier. En Espagne ce sont les "ferraterias" (traduisez les quincailleries ou mieux les shipchandlers), nous y allons parfois à pied mais les meilleures sont souvent très loin donc nous nous y rendons en vélo et même en bus, sinon carrément en bus avec les vélos pliés ...

Dans la pratique (il y a beaucoup de théorie quand même, les rayons des boutiques et les ateliers sont encore à moitié de la théorie complétée par les locaux qui aiment notre sport), ici il faut se faire comprendre, il n'y a pas moyen de tergiverser alors on se débrouille en parlant chacun sa langue maternelle si l'interlocuteur fait une drôle de tête quand vous lui faites la description du matériel convoité en anglais. Alain est très fort, il met une conviction incroyable en ayant recours aux racines en tout genre pour former des mots exotiques auxquels il ajoute des gestes digne d'un mime et finit par des dessins techniques d'une grande précision !

Donc voilà la seconde raison qui motive la prolongation du séjour aux Canaries (et de préférence à quai), c'est l' " entretien " du bateau ! Dans notre cas, mis à part l'entretien habituel (la révision des voiles, etc) on est plus dans la préparation car on l'a pratiqué pendant trois mois et il y a toute une liste de choses (on vous l'épargne) qui doivent être faites pour notre sécurité et notre confort à venir.
La Marina, malgré son règlement militaire que nous bravons (interdiction de faire sécher son linge sur le pont du bateau, de laisser des vélos, ou pire, son annexe traîner sur le ponton, et d'utiliser le tuyau d'eau du voisin...) est devenue l'extension de Goudrome où nous lavons les voiles, séchons les bâches... Pour le grand ménage nous avons fait le vide complet !

Un voyage vers Arrecife (la capitale de Lanzarotte, à 45 minutes de bus) pour y pratiquer notre sport favori, nous a quand même permis d'admirer l'arrière pays et les contrastes incroyables entre la végétation et les plaines de roches noires, comme d'énormes parcelles labourées par des charrues géantes. Cette île est classée au patrimoine mondial de l'Unesco, et le tourisme n'a pas encore suffisamment de jambes pour dénaturer ses merveilles géologiques et botaniques.

Il ne reste qu'à ajouter que les Canaries regorgent de spécialités culinaires, en commençant simplement par ses petites pommes de terre nouvelles (papas arrugadas) qui se dégustent avec leur peau très salée, mais aussi les mojos, sauces qui se déclinent à base de basilic, coriandre et piment et qui accompagnent tout du poisson au fromage, sans oublier évidemment les délicieux vins locaux !

à très vite !


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samedi 19 décembre 2009

Isla Graciosa - suite des photos













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lundi 7 décembre 2009

Isla Graciosa... premier jour

Goudrome est le bateau au milieu de ce mouillage...









Vue de notre maison


Grasiosa, Playa Francesa, 6 décembre 2009
Nos ventres remplis de satisfaction, nos têtes lourdes de fatigue, nous nous émerveillerons de la beauté de l'île et envisagerons de jouer les Robinsons après une bonne nuit de sommeil.
J'ai bien essayé de sortir les couvertures dans le cockpit pour les secouer, mais l'instant d'après je trouve Xavier couché dessus, qui avait déjà entamé sa nuit. Le message est reçu, le grand ménage attendra lui aussi.Il faut dire que tout est sans dessus-dessous, nous n'avons pas particulièrement veillé à la bonne tenue du carré pendant ses jours de navigation. Amoncellement de chaussettes, et draps en vrac, l'intérieur du bateau est autant en désordre que nous, mais nous avions tout de même pris soin de faire une toilette et de mettre des vêtements propres pour faire illusion avant de débarquer sur le rutillant Moultipass.

Le lendemain matin qui s'offre à nous est bien plus à la hauteur de ce que nous avions imaginé. Les premiers rayons du soleil éclairent l'eau qui prend des couleurs turquoises, et dévoile la plage déserte qui nous entoure. Au loin, des volcans innactifs paressent en donnant un ton mystérieux à l'île.



A cet instant, plusieurs choses m'apparaissent très clairement : que nous sommes bel et bien sortis de notre course en Méditérranée, que la chaleur qui monte doucement est synonyme d'un farniente bien mérité, et qu'enfin apparait sous mes yeux les paysages tants esperés depuis deux mois. La navigation est comme cela, notre récompense est à hauteur de nos efforts, les moments les moins agréables sont justement compensés, c'est un équilibre parfait.
Goudrome balance paisiblement son gros ventre de gauche à droite, son capitaine dort encore, et je me prépare à aller explorer le village voisin. Nous nous sommes donné rendez-vous entre filles pour une petite marche matinale. Louis nous emmène en annexe jusqu'à la plage. Toute tongue dehors, sarrouel relevé à son maximum, mes pieds effleurent l'eau et tâtent le sable. Il faut environ une heure pour atteindre le village, ici pas de route, juste un slalom entre les rochers, la plage a perte de vue et les arbustes.

Et puis le voilà, petit groupement de carrés blancs aux volets bleus ou vert (la seule fantaisie dans l'urbanisme local semble consister dans ces choix de couleurs tant les maisons se ressemblent), aux rues de sables bordées de cactus, et de figuiers de Barbarie, qui porte le nom de Caleta del Sebo (aussi apellé La Sociedad). Lorsque l'on arrive sur cette petite île de 6,5 km de longueur, la tradition veut que l'on enlève ses chaussures et que l'on oublie le monde, et je suis bien heureuse d'appliquer les deux.
J'achète quelques fruits et légumes, maigre choix pas très bon marché, et de quoi faire les prochains repas. Je longe le petit port, qui est animé par des terrasses peuplées de vieux aux chapeaux de paille, quelques babos dúne autre epoque toutes dread locks dehors vendent leurs bijoux de coquillages, et prend le chemin du retour sous le soleil bien reveillé. Je n'ose pas y croire, nous sommes en début décembre, ma peau menace de virer écarlate, et ce que j'ai acheté s'auto-cuit dans le sac en plastique !
Il me faut bien une sieste pour prendre pleine conscience de la réalité que je vis.

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De Tarifa aux Canaries (isla Graciosa)








Tarifa, 30 novembre 2009Il est 6h du matin, les pare-batages sont aussi fatigués que nous, (ces boudins qui pendent en guise de défense), l'un d'etre eux a explosé pendant la nuit ! C'est que Goudrome s'est fait malmené dans ce petit port où la houle entre sans frapper; il y a peu de place pour les plaisanciers et le temps est trop mauvais pour aller au mouillage, nous avons donc amarré au ponton flottant qui ballote pendant que l'on tangue.A ce mouvement épouvantable, il faut ajouter celui des navettes (plutôt des monstres vu de près) qui brûlent du gazoil pour assurer le positionement dynamique 24h /24.
Nous appareillons en 3eme position dans le convoi en partance pour les Canaries. La sortie est sans surprise, dehors le vent et la houle n'ont pas attendu le soleil pour se lever. La mer d'Alboran est derrière nous, les dauphins nous escortent pour célébrer les derniers miles de Méditerranée. Nous filons bon plein vers la pointe de Tanger pour le rendez-vous avec l'Atlantique.

L'accueil océanique a la même tonalité que le passage du point Europe quelques jours plus tôt. Après 3 heures de courant ouest allant jusqu'à 3 noeuds, arrive l'étale et c'est au moteur et avec toute la toile que nous rejoignons les alizées portuguais.
Au point radio de 19h, le cata en première position est à environ 20 miles, le second fait route entre nos deux positions, le dernier a disparu dans notre sillage avant Tanger, les appels restent sans réponse, leur projet initial était de faire halte au Maroc.

Vers 4h du matin, le vent passe enfin au nord et nous choquons la grand voile pour passer grand largue tribord amure et attendons l'aube pour envoyer le spi. Le régulateur ne tient pas l'allure, c'est le pilote qui tient le cap. La moyene journalière est excellente, 140 miles parcourus !
Pas le temps de se réjouir, à mon réveil la drisse de spi se décroche et reste en tête de mât... aie aie aie. C'est la deuxième fois. Je fais une tentative d'ascension juste au harnais mais ça bouge vraiment, lâcher une main pour accrocher le mousqueton est déjà une épreuve de force après la première barre de flèche. Je redescend, Laurène va m'assurer avec la chaise de mât, ça tombe bien nous avions repeté hier entre deux coups de vent. Me voilà à la pointe du mât pour une grande frayeur. Je grimpe comme un singe mais au sommet mon corps est pétrifié, tendu comme jamais, mes jambes et mes bras sont des pinces serrées au maximum, plus moyen de lâcher ni de bouger, le mât est devenu comme un pieu en folie auquel je suis condamné. Nous avons fait l'erreur d'affaler la grand voile qui aurait atténué les mouvements. Cet épisode s'achève quand j'ai enfin cette drisse en main et que chaque mouvement vers le bas adoucit la force centrifuge. Laurène m'a trouvé bien pâle !Tout rentre dans l'ordre, Goudrome file à nouveau.

à 20h, le vent fraichit, j'affalle le spi et découvre que la drisse est rongée jusqu'à l'os. La dernière achetée a remplacé la balancine, donc pas de stock. C'est con ! L'alternative est de tangonner le génois en ciseaux, et le résultat est probant. Maintenu par la balancine, et un bout en guise de hale-bas , la toile est bordée à plat et nécessite moins d'attention que le spi.

Le 2 décembre, on remet le couvert de la bonne procédure météo cargo, le capitaine sympa nous invite à passer sur le canal 06 quand une troisième personne intervient. C'est le voilier Cochise, que nous ne connaissons ni d'Eve, ni d'Adam, qui se félicite de retrouver des "portés-disparus". Ils avaient entendu les appels de Moultipass qui s'inquiétait de ne pas nous voir arriver à Tarifa, et avait émis un appel sur le canal 16, une semaine plus tôt!). Nous bavardons un instant, échangeons quelques informations sur nos positions respectives et nous fixons un rendez-vous ultérieur. Les 20 miles qui nous séparent vont être gommés pendant la nuit. Laurène les observe qui nous doublent par tribord (ils sont au moteur) et n'allume pas les feux pour qu'ils nous identifient (eh oui, on est de retour à l'économie d'énergie, j'ai fait un raccordement de fortune des nouveaux panneaux solaires en navigation mais j'évite de brancher les batteries neuves tant que le régulateur de charge n'est pas installé... du boulot pour les Canaries...). Nous sommes en autonomie totale depuis Carthagène (plus de 10 jours) car Gibraltar et Tarifa n'offraient pas de service eau/électricité, aussi le soleil n'est pas toujours efficace à cause des nuages... En passant j'ai observé un phénomène que je n'ai pas encore vraiment vérifié mais il semblerait que la pleine lune (qui éclaire généreusement nos nuits) charge un peu ... La lune se lève à l'est quand le soleil brûle l'horizon à l'ouest et le spectacle s'inverse au petit matin. Cette lune nous joue des tours, hier Laurène un peu fatiguée par son quart a cru que c'était un cargo en feu lorsqu'elle la vue poindre à l'horizon.

Le 3 décembre après une nuit de roulis et de calme où tout à bord devient une source de bruit incessant, le vent semble décidé à fraîchir. Il s'installe secteur nord-est et monte lentement des heures durant. à 22h, je tente de faire une sieste, en fait fermer les yeux et garder une liaison auditive, quand le comportement de Goudrome devient inquiétant. J'abandone le demi-sommeil et rejoins Laurène dans le cockpit, pas inquiète pour un sous, ses écouteurs au fond des oreilles, tout emmitouflée , et lui pose quelques questions. Mon but est d'éviter de l'inquiéter mais la mer est grosse, les vagues déferlent et Goudrome fait des embardées à 12 noeuds... C'est bien au delà de ce que peut supporter la carène, à cette vitesse la barre est presque en flottaison, tout tremble. On fait un point sur les manoeuvres et agissons rapidement. Deux ris pris en vent arrière, et quasi tout le génois enroulé (il ne reste qu'un bout de torchon tangonné pour l'équilibre) et on surfe encore à 8 noeuds !
Il y a la mer du vent et la houle qui se combinent et façonnent un paysage de vallées, de collines, en modifiant notre point de vue à chaque instant. ça commence avec de petits moutons, puis des lames mousseuses, puis des paquets qui déferlent faisant prendre de fameux coups de gîte au bateau. Laurène ne sort plus de la machine à laver, ce n'est pas confortable, et même pas agréable finallement... Voilà 24h que cela dure, je suis dans le cockpit et j'ai emprunté l'ipod de Laurène, qui, bien calée, se laisse prendre par le sommeil. J'observe l'appareil, son design hyper épuré, son faible encombrement, son poid plume et puis enfonce chacun des écouteurs au creux des pavillons babord et tribord dont je dispose. Je n'ai jamais supporté les bouchons qui vous coupent du monde, mon frère Nicolas était revenu de New-York en 82 avec un walkman rouge flambant neuf, je n'avais pas bien compris l'utilité d'un tel objet. Bon, je réussis enfin à allumer le lecteur et plonge sur un répertoire en lecture aléatoire de 727 titres ! Magique, un coup d'index dans le sens horaire et le son monte, par chance et un peu au hasard, le premier morceau joué est un extrait de Nissi Dominus de Vivaldi. Ce son si pur produit à fleur de mes tympans agit comme du mercure à émotions et fait bouillir mon sang, je contemple la mer et toute l'angoisse disparait. Je suis en train de vivre un grand moment de plénitude, les grondements de la mer deviennent envoûtants, ses mouvements confortables. Je suis assis dans le plus grand salon du monde et je pleure. C'est la seconde fois de ma vie que je fond en larmes grâce à de la musique. La première fois, c'était lors d'une matinée scolaire au théâtre du Châtelet. Un célèbre chef d'orchestre japonais reprenait phrase par phrase le sacre du printemps de Stravinsky. (c'était aussi le traditionel cadeau de 18 ans offert par mon grand-père) Il va sans dire que cet ipod va m'offrir de belles récréations.

Le 4 décembre 2009, 6h20 du matin, Goudrome vogue par 29° 26' de longitude et 12° 56' minutes de latitude ouest. Nous faisons un cap de 245° à 6 noeuds. Le vent de secteur plein nord ne souffle plus à présent que force 5 et Laurène dort profondément. Il nous reste un peu moins de 40 miles à parcourir avant de découvrir le sable de Graciosa.
à 210°, un autre voilier semble faire la même route, je l'observe depuis quelques heures (nous apprendrons plus tard qu'il s'agit de Envole-moi). La lune au zénith joue à cache-cache avec les nuages qui filent au sud. Le grément est bien réglé, le ciré de Goudis est posé sur le pilote pour le protéger des embruns et crée une silhouette rigolote. Dans quelques minutes, je vais rejoindre la couchette babord réchauffée par ma princesse et me lover dans les draps pour y déguster son odeur. Si certains d'entre vous me demandent encore pourquoi prendre la mer et faire autant de sacrifices, voilà une des réponses. En plus du plaisir de se déplacer au gré du vent, vivre sans pollutions extérieures son couple et prendre le temps de se découvrir, c'est un vrai cadeau.

Enfin, se profilent des bouts de terre enchevêtrés que nous devons démêler visuellement pour trouver le passage entre Lanzarotte et Graciosa, l´etroit Estrecho Del rio. Une fois de plus nous manquons d'informations, entre un pilote marine pas assez détaillé et notre carte (datée de 1953 !) à trop grande échelle. Nous sommes tous les deux contents d'arriver enfin, le temps commençait à être long, et les odeurs de terre ravivent nos corps et nos esprits.
Nous apellons à tout hasard à la VHF dans l'espoir de joindre Cayok ou Moultipass qui doivent déjà être arrivés, et cela dépasse nos espoirs : en plus d'être déjà là, Danielle nous lance une invitation à déjeuner! Encore une fois, quel accueil, quel bonheur! C'est donc à la Playa Francesa que nous mouillons, sur les bons conseils de Louis et Alain qui nous crient le meilleur emplacement pour déposer l'ancre.

L'endroit est désert, sauvage, baigné de soleil, son eau est turquoise, nous osons à peine y croire...

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dimanche 29 novembre 2009

Gibraltar - Tarifa (Espagne) - départ Canaries









Bonjour à tous,
Nous sommes à présent à Tarifa, charmante vieille ville au plein centre du détroit de Gibraltar, et prêts à en sortir! Nous voguerons vers les Canaries dès demain matin, en esperant y être d'ici 7 jours.
Quelques améliorations sur Goudrome ont été apportées ces derniers jours.

Pour plus d'autonomie et donc de liberté, nous avons fait l'acquisition de nouveaux panneaux solaires ( et contrairement à la logique, les panneaux solaires sont moins chers en Espagne qu'à Gibraltar, ils les fabriquent). A Gibraltar par contre, nous avons trouvé du super inox (pas du genre à entretenir tous les mois) et avons fait plier et souder un support. Tout ceci pour utiliser enfin un logiciel de navigation (un grand merci à Alain, qui a été un as dans le domaine et on oublie pas ceux qui avaient essayé avant), et pouvoir profiter d'internet au port et au mouillage, et accessoirement aussi écouter un peu de musique en navigation ! Jusqu'ici avec nos deux ampoules et nos lampes frontales, tout allait presque bien !

Que garderons nous de Gibraltar ? Une enclave anglaise sur la côte espagnole, l'endroit parfait pour un approvisionnement varié aussi aussi bien en mets anglais qu'indiens; de l'alcool, du gazoil et du tabac en veux-tu en voilà, détaxés bien sûr, que des bonnes choses... pas étonnant entre une piste d'aéroport et un Ocean Village qui a tout les traits d'Eurodisney en période de Noël !

L'accueil par contre ne nous aura pas marqué, à l'exception de Shane, un prof de plongée anglais trouvé dans un atelier et qui, en plus d'avoir contribué au projet de la structure inox, nous gâte en nous offrant un vélo pliable.On aura une fois de plus sympathisé avec un couple de Français, Fred et Mylène sur Envole-Moi.Une bonne occasion pour Xavier de faire sauter le bouchon de la bouteille de Pastis qu'il venait fraichement d'acquérir. (Dieu merci, il n'a pas fumé en une soirée son kilo de tabac)

Le lendemain, moins fiers quand il s'agit de boucler la "to-do list", chacun de son côté s'active pour faire un maximum de choses en un minimum de temps (genre départ de vacances en famille). Quand Laurène, optimiste, achève de ficeller à l'arrière du vélo le premier bidon en plastique destiné au gazoil (contenance approximative : 25 litres) et qu'elle s'aperçoit qu'il manque un bout de ficelle pour fixer le second à l'avant, elle abandonne sur le catway sa mûle à moitié chargée. Et ça ne manque pas, à peine a t-elle atteint la ficelle que le catway secoué éjecte le vélo dans le port !Je crois que le meilleur appareil photo n'aurait pas pu figer les traits de la malheureuse dans ce moment difficile. Dans son épreuve pas le temps de se lamenter, à sa grande surprise le vélo rejaillit des flots aidé par son bidon !Moralité : le vide, parfois ça a du bon.

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mercredi 25 novembre 2009

Carthagène (Espagne) - Gibraltar (Royaume-uni)











Mercredi 25 novembre 2009

Encore un départ, mais un départ différent. Nous ne laissons personne sur le quai, (à l'exception des suédoises du voilier Elida, qui nous avaient invités à visiter leur "voilier-église" de 40 mètres de long ! ça ne s'invente pas : www.elida.se )

Cette fois nous partons avec les rencontres de port : Alain et Danielle (sur Moultipass, un catamaran de 14 mètres) Louis et Jocelyne (sur Cayok, un ovni en aluminium) et les derniers que nous ne voyons pas à la sortie du port vers 21h : Brice et Alice, Joshua et Tristan, leurs enfants et Pacotille et Marron leurs deux border-collie, ( à bord d'Aotearoa)

Nous quittons Carthagène à cette heure, car le vent passera secteur Est vers 22h (et ce pour 48 heures seulement). Dans les faits, les vents varient, il faut juste avoir l'œil et les oreilles en veille attentive pour adapter le plan de voilure. A l'aube, nos amis se fondent dans l'horizon. Nous avons bon espoir de tenir la cadence car nous sommes les seuls à pouvoir arborer un spi. Il faut dire que Goudrome a une garde robe bien achalandée : 2 grand voiles, 2 foc, 1 trinquette et 2 spi !

Le spinnaker, c'est une voile très légère (en "toile de parachute", en fait du nylon, ce qui lui confère une certaine élasticité). Elle se place à l'avant sur un tangon (une bras en alu assemblé à la perpendiculaire du mât).
Le spi est envoyé aux allures portantes et permet, de par sa légèreté, d'emprisonner même une légère brise. C'est aussi la seule voile colorée du gréement. Beaucoup de marins oublient le spi dans les cales, car l'opération est un peu technique et peut se solder par un échec cuisant (tout s'enroule autour de l'étai par exemple, ou mieux tout finit à l'eau !). Avec un peu d'expérience, on ne laisse plus rien au hasard, chaque manœuvre passe au bon endroit et tout se fait dans l'ordre; maintenant on arrive même à l'envoyer la nuit.

On s'est donné des rancards avec les 2 premiers sur le canal 69 pour faire des points à heures fixes. Les vacations radio se déroulent parfaitement. Louis a un Irridium et nous confirme les prévisions espagnoles que je prend aux heures paires sur le canal 16. Je suis surpris de la portée de la VHF, au point de midi, ils ont près de 45 miles d'avance et je les entend "haut et clair" ! (On ne s'est pas emm... pour rien, Raphaël !)

Cette nuit, la troisième de cette navigation vers Gibraltar, Laurène ou plutôt le vacarme qu'elle produit m'éveille en sursaut... le moteur s'est arrêté. Je met ma frontale sur les yeux, les lunettes sur le front, heu... non, l'inverse!
Je vérifie le journalier du gasoil, et pose dix questions sur l'événement. Laurène avait pourtant vérifié l'écoulement de l'eau via l'échappement lors de la veille précédente, mais la fois suivante, elle note que ça fume et tente d'actionner le levier vers le point mort...Trop tard, le moteur s'arrête?

Capot ouvert, j'ausculte l'engin jusque sous ses ongles, le remet en marche, ça fume ! Il y a de l'huile, le refroidissement fonctionne en sortie de pompe et à l'échappement, c'est quoi cette nouvelle panne ? On y verra plus clair une fois le moteur froid et de jour.

Le heures passent comme Goudrome entre les cargos. L'idée de faire une arrivée à Gibraltar sans moteur ne m'enchante pas vraiment, surtout que nous n'avons aucun document pour l'atterissage. La carte de 1974, au 1/674 000 ème manque cruellement de détails. Nous avons le détail de la pointe Europa, et de la partie Ouest de la baie, les marées et courants, mais le mouillage d'Algeciras est sur la flan Est... Heureusement, Alain nous indique un point GPS, au Sud du port d'Algeciras.

Inquiet, je m'éveille à 8h30, quatre heures de sommeil c'est court... il y a de plus en plus de monde, le rocher de Gibraltar se détache nettement, il ne ressemble pas à un cargo. J'avale un thé et un fruit avant d'enfiler les combinaisons (re-merci Florence) et de m'attacher un bout en bandouillère. La mer est noire, Laurène a vu trois fois des dauphins cette nuit. Hier nous avions observé une tortue géante, et trois globicéphales. Bon, je n'ai pas le choix, il faut plonger dans ce bassin.
Après toutes les vérifications possibles, il ne reste qu'à voir l'hélice. Hourra!!!
En quelques minutes, sans penser aux abysses et leurs habitants, je découpe les morceaux de filets de pêche enroulés sur l'arbre.
C'est "presque reparti"...Deux longues heures de bricolage pour assurer une patte cassée, on borde le génois et la grand voile, et on y va plein pot voile et moteur pour prendre à temps le tapis roulant.

Le détroit est l'écluse entre l'Atlantique et la Méditerranée. Il ne faut pas se manquer sur les paramètres vent/courant. Evidemment on a pris du retard cette nuit et tous nos savants calculs s'évaporent. Le vent se lève d'un coup et passe de 0 à 25 nœuds en moins d'une heure, dernier clin d'œil de Méditerranée? Nous voilà à deux doigts du "point Europe", le vent en plein dans le nez.
Notre intention était finalement de dépasser Gibraltar et d'atteindre Tarifa un peu plus à l'Ouest avant la nuit. Mais la pression monte avec le vent et la mer agitée; les cargos, les embruns, le canal 16 qui ne sait plus ce qu'est le silence et le moteur qui chauffe. Chaque bord tiré rallonge notre route et notre peine. Nous abattons finalement et entrons dans la baie de Gibraltar, un vrai parking à cargos.
Le premier port est plein, nous trouverons notre "bonheur" au suivant, la Marina Bay où un anglais nous attend sur le ponton flottant dépourvu d'eau et d'électricité. Pour nous en tous cas c'est toujours mieux que mouiller au pied des usines pétro-chimiques d'Algeciras, que nos amis ont fuit, ou au bout d'une piste d'atterissage.

Voilà, Gibraltar n'est pas venu à nous, nous sommes allés le chercher!! La boucle est bouclée, Goudrome peut être fier ce 25 novembre 2009. Il achève aujourd'hui son tour du monde. (clin d'œil à JR, il est encore temps pour ceux qui ne l'ont pas fait, de lire "j'ai même pas fait le tour du monde")

Pour Raphaël, pour Laurène et pour moi, c'est une étape incroyable, plus encore que la traversée de l'Atlantique ! Ce sont 38 jours de mer, et environ 2500 miles nautiques (soit 5000 kilomètres) à la vitesse moyenne d'un bon marcheur. On a jamais baissé les bras, on a toujours hissé les voiles !


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Juste une question de point de vue...

Je lis le livre de Beate Kammler, "Viens faire le tour du monde sur mon joli voilier", que j'ai troqué contre quelques autres livres à Alice du voilier Aotearoa, et je ris. Beaucoup. Toute femme qui voudrait partir pour un idyllique voyage en voilier devrait l'avoir lu au préalable.
La pauvre fille a été encore moins avertie que moi quand aux "plaisirs" de la navigation. Je savais à peu près à quoi m'attendre pour avoir un peu navigué avant de me lancer, mais j'ignorais heureusement beaucoup de choses qui m'auraient peut-être freinée dans mon enthousiasme si j'en avais eu connaissance avant.

En parlant avec d'autres femmes des autres bateaux que nous rencontrons, (et surtout grâce à mes lectures) je me rend compte qu'il faut surtout beaucoup d'amour pour suivre son homme dans un tel projet.
Beate le dit d'ailleurs très bien : "Pas un livre de navigation autour du monde ne m'a encore dit la vérité sur la vie quotidienne à bord. Cela n'est pas étonnant car ils ont tous été écrits pas des hommes!".


à bord il faut un peu d'organisation, et de la persevérance pour arriver à ses fins. Tous les gestes du quotidien terrien sont à revoir ici, et même les plus simples peuvent prendre des tournures dramatiques sans un peu d'agilité.
Par exemple, faire des crêpes. C'est une bien bonne idée pour réveiller Xavier en douceur, je n'ai pas forcément besoin de lait, je remplace par de l'eau, et puis c'est bon avec du nutella.
Déjà il faut faut faire une pâte, liquide donc, arriver à battre les ingrédients dans un saladier mouvant, tout en arrivant à se maintenir debout soi-même. (pour pimenter l'exercice, ce saladier décidemment peu coopératif comporte une petite fêlure et fuit un peu)
La seconde épreuve consiste à les faire cuire. C'est assez facile en temps normal lorsque la gazinière reste stable et la poêle ne menace pas d'attérir sur mes pieds. Une fois la crêpe cuite, il faut la poser délicatement dans son assiette, qui, au même titre que le saladier et la poêle subit les lois de la houle.
(Xavier se révèle d'une aide précieuse lors de cette étape puisqu'il intercepte la crêpe directement et ainsi la supprime.)

Je vous passe les explications concernant ma propre organisation lorsqu'il s'agit de faire pipi, mais la réussite tient surtout au fait de bien viser et d'évacuer le seau avant que la houle ne le fasse pour moi sans avoir pu atteindre le cockpit à temps.

Quand il s'agit de prendre une petite douche, mais surtout de se laver les cheveux, c'est tout le contraire, il faut bien viser la tête, le but étant de tout se renverser dessus sans gâcher une goutte. J'arrive ainsi à me laver avec moins de deux litres.

(à l'heure où j'écris, environ 7h30 du matin, j'ai reçu trois visites de dauphins. je les entend souffler dans mon dos, et j'aperçois leurs dorsales. Ce sont des bébés qui se sont apparemment affranchis des conseils de leurs parents, poussés par la curiosité. Ils repartent à peine ont ils vu le bateau)

Pour continuer avec mon organisation quotidienne, il faut immanquablement composer avec le mal de mer. Encore une fois, il semblerait que les femmes y soient plus sujettes que les hommes et je ne fais pas exception. Si vous lisez ce blog de bon matin en compagnie d'un café et d'un croissant, je vous conseille de passer quelques lignes, sinon j'espère que ma théorie pourra éclairer d'autres interessées.

j'ai constaté premièrement qu'un régime quasi exclusif à base de fruits se révèle le meilleur allié de ses moments peu agréables. Evidemment pas ceux qui sont acides, ma préférence va (et dans l'ordre) aux bananes, pommes, poires, clémentines, qui sont très faciles à régurgiter et ont exactement le même goût à la sortie!
Si jamais il me prenait l'envie de manger un repas salé, accidentellement trop relevé , (par exemple un taboulé qu'a fait Xavier avec "un peu" de Tabasco), je sais dorénavant que je prendrais le soin de manger une pomme en début de repas. Logiquement, c'est la pomme que je vomirais en dernier, ce qui sera bien plus agréable et doux pour ma pauvre gorge.
Les compotes sont aussi de bons alliés, malheureusement elles sont inexistantes en Espagne. Le coca se vomit très bien aussi. C'est agréable.

Pour briser certains rêves idéalistes, nous ne vivons pas (pas encore) tout nus, et nous ne sommes pas (pas encore) tout bronzés. Ma tenue de combat la plus féminine est composé d'un pull marin de laine, et d'un pantalon de coton long, et la nuit je réhausse tout cela d'une salopette imperméable renforcée sur les fesses pour éviter l'humidité, et de la grosse veste de quart antique de mon grand-père. Je me coiffe délicatement d'un bonnet de laine, et me pare de ma plus belle lampe frontale. Ainsi je suis prête pour une nuit en tête à tête avec les cargos.

Enfin, je dis ça, mais par mer calme nous pouvons cuisiner, nous laver, dormir, nous baffrer... heu, manger, vivre normalement, c'est idéal.
Comme ce matin où je contemple l'immensité de la mer en cherchant des yeux les dauphins, alors que le soleil me réchauffe doucement, je peux affirmer dans ces moments là que la vie est belle à bord de Goudrome.
Je vais aller réveiller Xavier qui souhaite élucider le mystère de la fumée du moteur... à bientôt
laurène

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dimanche 22 novembre 2009

Cartagene








Dimanche 22 novembre 2009
Pour faire face à la routine sur le blog, et pour partager aussi d'autres rencontres que la principale avec la mer, voici une petite bafouille plus "culturelle".
Carthagène, la ville qui nous émerveille aujourd'hui est une ville de tout en relief.. Dans tous les sens du termes. Ce qui saute aux yeux en y débarquant (ah oui, notre point de vue est très particulier, désormais nous découvrons les villes par la mer !), les premiers pas se font donc depuis le port; en quelques sortes les coulisses de la ville. Un port très vaste, la cour de récréation des frégates militaires, les vestiaires des cargos, il est aussi un port de pêche et la toute nouvelle marina où Goudrome se mêle à tous les pavillons.



Bien méditerranéenne, Carthagène fût prise par les Romains, deux siècles avant JC ! (une des cité les plus importantes de la péninsule ibérique à l'époque). Son histoire est pleine de rebondissements, un peu comme Malte, et biens d'autres villes importantes et stratégiques sur le bassin.
Le décor est riche en pierres, en vieilles pierres qui parlent, les sites archéologiques (murailles, amphithéâtre, théâtre romain...). le plus surprenant, c'est le contraste entre l'architecture classique du 19eme, l'architecture excentrique ultra contemporaine, et ses vestiges du passé quasi en ruines. Ainsi, il n'est pas rare de croiser une façade du 17eme siècle isolée et maintenue par une super structure en ferraille, posée comme une page qui nous raconte un bout d'histoire.
La ville entière est à l'image de cette façade, qui attend un foyer...
Des immeubles entiers sont couverts de filets de protection qui tombent comme un voile sur une sculpture en attente. En tout cela résonne avec les disqueuses et les marteaux piqueurs qui façonnent la matière pour achever d'autres édifices.

Bref une activité débordante, une ville où il y a autant de brouettes que de poussettes, tout en poésie!

Hier, nous nous sommes littéralement abandonnés devant les cartes des restaurants qui fonctionnent sur nous comme des aspirateurs. Un épais chapitre de la découverte de la Méditerranée.
Venant de Paris, où l'accès et la proximité d'autres cultures est facile, on a vite l'impression de connaître les subtilités des saveurs du monde, et bien on se trompe!
On connaît en effet l'huile d'olive, quelques aromates et autres fromages, mais la palette au fil des miles est si vaste qu'il nous faudrait des années pour en faire le tour. Il est tard déjà pour vous dresser le dizième des mets délicats qui ont chatouillé nos palais, ou plutôt il est grand temps de commencer à vous en dresser le portrait. Pour Laurène et moi, c'est une tradition, une fois les aussières frappées au taquet, de mettre le cap avec notre nez uniquement. En général , et comme ici, dans une ville où rien ne nous est familier. Les visages, les accents, la langue écrites sur les panneaux et enseignes publicitaires.. etc Aucune idée non plus des us et coutumes propres aux Espagnols concernant les horaires des repas, en tous cas les jambes à peine dégourdies nous savions déjà que nous mangerions des tapas. Tout un programme!
La sélection du jour : poulpe à la Carthagène, thon fumé séché (en fait de la bonite), croquettes de bacalao, et une autre morue dessalée, préparée avec une simple sauce à base de tomates et d'ail et la fameuse "racion de tortilla" !
Le plaisir est doublé car nous avons deux yeux pour un estomac, et la nourriture en abondance sur le comptoir nous ouvre l'appétit.
Pour ce qui est de la bibine, j'ai juste bu une cerveza, mais il me tarde d'approfondir...
Mes lacunes concernant les vins étrangers se comblent petit à petit, chaque escale est une occasion de bourrer les gilets de sauvetage, qui remplissent désormais la fonction de casier à vin.
Mes derniers coups de cœur étant le Nero d'avola de Sicile et surtout le Canonau de Sardaigne "cantina Santa Maria la palma, le bombarde 2008" (petit clin d'œil à Jack pour le merveilleux site VinoGusto)
Comme d'habitude Laurène s'empresse de pousser toutes les portes des pâtisseries et autres boutiques pour découvrir les petits pains spéciaux, les pâtisseries locales et même des fruits dont j'ignorais l'existence.
En général, elle revient sur le petit vélo, le panier chargé de soubressade, de chorizo, de fromage de chèvre frais, et de tout un assortiment de conserves de crustacés (dont les espagnols sont les spécialistes). Evidemment elle ne laisse pas au hasard le choix des emballages et ramène parfois des choses qui n'éveillent que sa curiosité !

Nous avons encore fait encore plein de rencontres, et c'est drôle, pour la première fois nous allons partir en escadre. Encore une navigation différente.
Cette fois nous partons de nuit, car le vent passera au portant et pour 48 heures selon les prévisions avant de revirer droit dans le nez. Nous ferons donc route vers Gibraltar avec nos nouveaux amis et déciderons de l'escale en fonction de la météo.

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mercredi 18 novembre 2009

Cagliari (Sardaigne)- Carthagène (Espagne)





Cagliari - Cartagene

Le 12 novembre 2009 à 9h

Sur le ponton de la marina de Sant Elmo, Andrew et Josy du voilier Volare, nous font des adieux touchants. Nous avions dîner ensembles la veille, une très agréable soirée.


Le baromètre est à 1014, grand soleil, sur la mer nous redécouvrons l'été (on n'y croyait plus!) . Le vent, timide et changeant au départ s'installera secteur SW force 3 la nuit. Le régulateur d'allure tient parfaitement le travers, la nuit sans lune d'un noir profond nous offre un spectacle inouï, elle met en relief des milliers d'étoiles qui se confondent avec le scintillement du plancton phosphorescent remué par la carène. Elle est très humide aussi, nous passons nos quarts installés confortablement dans le carré pour sortir faire un tour d'horizon à intervalles réguliers (entre 15 et 30 minutes, selon le trafic). Nous passons en revue les aventures d'Arthaud, Kersauson et autres Moitessier dont on nous a fait cadeau avant de partir. à l'aube, la petite "isola san pietro", petit grain de terre à l'extrême ouest de la Sardaigne a complètement disparue.



Le large, la liberté avec pour seul exercice de maintenir le cap à 260°, toujours vers l'ouest en tenant compte des vents à venir et de leurs directions. Les journées filent même si en mer un jour fait 24h et non pas 12 ! Les mouvements du soleil ne font que rythmer notre croisière. L'épisode du lever du soleil, en plus d'être toujours aussi surprenant vu à 360° de notre embarcation, signifie passage aux heures sèches et aux activités à deux. On ne se prive de rien, nous avons à bord de quoi dresser une carte des menus méditerranéens illimitée tant nous possédons de bons produits Turcs, Grecs, Siciliens, Italiens... et même des bonnes céréales propres aux Anglais, dégottés à Malte par Laurène...


à bord, pas de réfrigérateur, donc le frais demande de l'organisation : le beurre est en pot et se conserve très bien, les légumes sont accrochés en chapelet dans des bas nylon, le poisson pêché est consommé dans l'heure. Sinon les filets proprement découpés marinent dans le jus de citron jusqu'au lendemain.

Au palmarès pour cette semaine, 3 lignes à l'eau et trois prises !

Une belle daurade coryphène, et 2 belles bonites dont une m'échappe des mains une fois détachée sur le pont. La seconde (qui est peut-être un thon blanc germon vu son poids, mes deux mains n'en faisaient pas le tour) a amplement suffit pour boucler notre programme gastronomique.

(Petit clin d'œil à Fred : Mr Lepoutre, j'ai acquis le même rapala que celui que tu avais et suis ravi de son comportement. Comme nous l'avions lu sur l'emballage : "XRAP MAGNUM, plonge a grande profondeur avec une nage très agressive. Le roulement à billes déclenche les attaques les plus violentes, c'est le leurre ultime pour la pêche en mer." Je confirme religieusement)

Nous avons aussi acquis une mitraillette à maquereaux, mais n'avons encore rien tiré.


Au rayon des poissons, dans les grands modèles, nous observons quelques dauphins venus croiser notre chemin, et traversons, à deux reprises, précisément au moment où nous traversons le méridien de Greenwich, des groupes d'individus que nous reconnaitrons comme des globicéphales noirs. La taille de l'aileron et la forme écrasée du nez sont des signes distinctifs, ces mammifères mesurent environ 6 mètres et se déplacent en groupe de 10. Ceux que nous avons vus avaient l'air de faire une migration lente vers l'est.

Nous faisons comme il se doit un appel de sécurité VHF pour signaler leur position, et direction. (la veille nous avions été prévenus de cette même manière, de la présence d'une baleine de 16 mètres à quelques miles au nord au large d'Ibiza)


Nous avions pris de bonnes prévisions météo pour trois et cinq jours, pour la suite nous avons improvisé.

- La technique numéro 1 est la suivante :

- Nous mettons le cap volontairement sur un cargo jusqu'à pouvoir lire son nom. Ensuite nous l'appelons à la VHF, "Taipan, Taipan, Taipan From Goudrome, can you read us?". Inévitablement le type se demande pourquoi nous sommes collés à lui en plein milieu du grand rien, et s'inquiète : "I hear you, what's the crap?" (littéralement, " je vous entend, quelle est la merde?") et finit par nous donner gentiment les prévisions pour le lendemain.

- Le lendemain, nous essayons la technique numéro 2, dans la mesure où nous ne croisons pas de cargos :

- "All ships, All ships, All ships, from Goudrome, we are looking for the forecast !" et là un un type nous répond en Français, il fait route depuis l'Algérie et doit se situer dans les mêmes latitudes.


Autant de bonnes choses qui réconcilient progressivement Laurène avec le plaisir de la navigation, auquel elle n'avait pas eu le droit jusqu'à présent. Chaque matin après mon bout de nuit, je la trouve allongée dans le cockpit face au lever du jour, son ipod sur les oreilles et son sourire qui rejoint ses écouteurs.


Il n'y a pas d'échelle pour le soleil, le vent lui était de force 2 à 4, 5 dans les rafales, jusqu'à la veille de notre arrivée lorsque le moteur a pris le relais pour un bout de nuit. Cela ne suffit pas à programmer notre arrivée au port avant la nuit, aussi nous préférons opter pour la sécurité et allonger un peu notre trajet en prenant le temps, pour arriver plutôt le lendemain matin.

Seul hic, nous nous trouvons en pleine nuit dans un rail de cargos, en provenance et en direction de Gibraltar, ce qui nous fait passer la nuit en charmante compagnie, et qui génère un peu de stress. Pris en sandwiches entre ces monstres, j'entends Laurène réciter sa petite prière "bassine rouge et tricot vert" (Babord= rouge et tribord=vert) pour ne pas se tromper dans le sens des lumières.

Ces lumières sont nos seules indications pour discerner le cap de nos ennemis.


Le septième et dernier jour se lève comme un rideau sur la "punta de la podadera". La côte est très en relief, elle se découpe d'abord comme une silhouette. Une légère brise de NW comble les voiles qui pleuraient depuis la veille. L'est est violet, puis rouge, parfois jaune-orangé, mais le soleil n'apparaît plus tard que trois doigts au dessus de l'horizon. Au son du sillage de Goudrome, qui passe les 600 miles pour cette dernière navigation, s'ajoute les résonnances des petits moteurs diesel des pêcheurs, dont on pouvait distinguer les feux depuis quelques heures.

La houle s'est étirée et la Méditerranée est à présent une peau dorée qui a la chair de poule.

J'ai dormi trois heures cette nuit, la curiosité anime tout mon être, comment sera l'accueil? Les gens? la ville? le mécano ?

A priori, la destination est enclavée dans une côte abrupte et donc sans plage, (et sans les désastres qui en résultent d'un point de vue architectural).


Il ne reste que 4 miles à parcourir avant de virer plein nord pour le repos au port . Toujours difficile d'imaginer manœuvrer dans une cage à poule alors que nous quittons un pré avec pour seule frontière l'horizon.


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mercredi 11 novembre 2009

On part !

Apres plusieurs jours de reflexion, et en attente d'une fenetre meteo, c'est sous la pluie de Cagliari et par 14°C, que nous avons finallement decide de mettre le cap demain vers l'Espagne, plus precisement Carthagene.
Une navigation prevue d'environ 6 jours pour laquelle Laurene rassemble toute son energie (et un maximum de bananes). On ne fera pas de detours par les Baleares, pour se rapprocher au plus vite de Gibraltar.
La porte vers le soleil...

Cagliari malgre le mauvais temps nous a reserve de belles surprises. La vieille ville perchee en hauteur est magnifique, et au detour des petites rues pavees, se cachent de belles maisons colorees. Et des rencontres, encore, nous avons notemment visite un navire poseur de cables de 170 m pour 7 etages et 28 metres de haut !
Beau degrisement apres une nuit de fete bien arrosee en compagnie d'Aymeric et Pierre Yves, qui furent pleins de bons soins pour nous donner des conseils en tant que voileux avertis.
De cette nuit il restera aussi cette mythique phrase:
" la mecanique connait un etat stable : la panne."

a bientot
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dimanche 8 novembre 2009

Trapani (Sicile) - Cagliari (Sardaigne)













Nous quittons enfin le chantier naval de Trapani, bientôt rejoints par Vincenzo qui nous offre un dernier cadeau lancé depuis son petit bateau : un paquet de bougies ! Il nous escortera pendant quasiment deux heures, devançant notre route vers la Sardaigne et nous démontrant ses dires de la veille, qu'à 85 ans il est "encore capable d'aller très loin des côtes et tout seul ! "


Le début de la traversée s'annonce pour le mieux mais la nuit tombe alors que de gros nuages peuplent le ciel qui s'assombrit de plus en plus vite. Il faut se rendre à l'évidence, nous sommes pris entre deux orages, et pour la petite âme sensible et facilement impressionnable que je suis (vous aurez compris que cette fois c'est Laurène qui écrit) ça s'annonce comme une nuit de calvaire.

Chacun donne au mal de mer sa cause, la règle des 5 F (faim, froid, frousse, fatigue, ... et foif ) ou bien même il paraîtrait que c'est complètement psychologique, le fait est que mon corps est tout a fait d'accord avec la vision chaotique qui s'étale devant ses yeux et répondra à cela en rendant à la mer tout ce qui atteindra mon estomac pendant les deux jours qui suivront.

Nous savions que nous étions tard dans la saison, et nous y attendions. Malgré cela, il faut bien avancer, et la traversée se rythme normalement avec alternance des quarts, et la bienveillance et l'optimisme incroyable dont sait faire preuve Xavier dans ces moments un peu durs. Il va jusqu'à préparer un petit dîner aux chandelles, avec de la musique et s'arme de toutes ses paroles réconfortantes pour tenter d'apaiser la situation.

Finalement le vent tombe et nous n'avançons plus du tout. C'est là que nous allons pouvoir enfin tester les capacités de notre beau moteur remis à neuf. Non sans une certaine appréhension, nous le démarrons, et tout va pour le mieux. Soulagement à bord !
Sur cela, et sans vouloir dépeindre un tableau apocalyptique des quarts, j'ai eu le temps d'établir une petite comparaison lorsque j'ai rencontré quelques difficultés à trouver le sommeil en la compagnie active du moteur.
Dormir en sa présence, c'est tout comme choisir un beau pommier lors d'une après midi à la campagne, pour faire la sieste en dessous, et avoir à moins de deux mètres des oreilles le propriétaire du champ qui aurait lancé à plein régime son tracteur agricole.
Fatiguée, je fais avec. point.

Au petit matin, Xavier me réveille pour me montrer un groupe de dauphins qui jouent avec le bateau. je n'en avais pas encore vus depuis le départ, et cette vision m'enchante. Ils se lassent vite de nous, nous ne sommes pas un animal bien drôle avec notre petite vitesse de moins de 2 nœuds.

Et puis enfin, au loin, un morceau de terre qui se laisse découvrir par les nuages, la promesse alléchante d'un repos bien mérité et aussi un repas salvateur pour mon estomac, qui refuse toujours en bloc de conserver quelque énergie. En consultant le pilote marine pour entrer dans le port, les noms prennent de nouvelles formes, les piazzas deviennent des pizzas, et le port Carbonara est plus qu'évocateur.
Pendant que je salive, Xavier fait un point sur la carte et j'entends prononcer cette phrase chargée de désespoir : "on avance pas, à ce train là on y sera dans 10h."

Plusieurs raisons nous poussent à être raisonnables pour le choix suivant :
- s'acharner à virer constamment et trouver du vent,
- risquer d'arriver dans la marina de nuit (les récents événements nous ayant prouvés qu'à l'avenir il faudrait éviter),
- et surtout moi, ou mon estomac, peu importe qui, mais nous crions grâce, et choisissons de s'en remettre (encore) au moteur.

Nos efforts sont récompensés par une entrée plus que réussie dans la marina de Sant Elmo, où nous goûtons au luxe d'être accueillis par le staff en zodiac, s'il vous plait, d'être guidés jusqu'à notre place de port, et enfin, d'être aidés par les voisins alentours. Avant d'aller à la capitainerie ces mêmes voisins, des anglais à bord de Volare, nous offrent une bière très fraîche, miracle d'un réfrigérateur de bord.
Nous allons de surprises en surprises : en plus d'une place bien située, à l'abri et bien attachés, nous trouvons l'électricité, l'eau, les douches, des toilettes, et ... une machine à laver ! Nous découvrons aussi qu'un tel luxe coûte cher (27 euros par nuit) mais gommera certainement notre fatigue et rechargera toutes les batteries.

Toutes mes contrariétés s'estompent autour d'une pizza telle que je l'avais fantasmée. La vieille ville semble magnifique, je suis contente de faire un peu de tourisme entre chaque de ses escales toujours trop dédiées au moteur ou au bateau (!), l'oublier un peu et reprendre un peu le sens du voyage que j'avais imaginé.

Je dresse un court bilan, sous forme d'un constat simple : ce que je préfère dans la navigation, c'est l'arrivée. Si cela est une vérité pour beaucoup de marins, elle est d'autant plus vrai que les longs trajets sont pour moi des sources d'angoisse et que je suis capable de m'en rendre malade. L'idéal reste jusqu'à présent pour moi le trajet de Favignana à Trapani, c'est à dire, une mer calme, juste ce qu'il faut de vent, du soleil, et le tout sur une distance très courte.

Encore une fois je suis impressionnée de l'accueil chaleureux entre gens de la mer. Lorsque ce n'est pas une bière offerte, c'est un autre voisin qui nous détaille les bons restaurants du coin, ou un couple de Français à l'arrêt ici pour l'hiver, ravis de venir échanger quelques mots avec nous.
C'est cela surtout qui me pousse à affronter mes peurs, et repartir de chaque port, cette envie de découvrir, d'entendre de nouvelles langues, goûter tous les mets délicieux de chaque escale, et remplir mes yeux de ces nouveaux paysages.
laurène

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mercredi 4 novembre 2009

Trapani, depart imminent

Nous venons de finir d'achever les travaux de remplacement d'arbre, et Xavier en a profite pour s'atteler a d'autres menues taches. Des qu'il peut bricoler, il brandit ses outils. La il a ponce les caillebottis, a mis de l'huile de lin, repeint en blanc des parties ecaillees...
Les derniers mecaniciens sont venus ce matin a 7h30, ont remis le bateau a l'eau et verifie que tout allait bien. le moteur fonctionne . En esperant que ce soit la fin des travaux cette fois. La nous sommes a l'entree du chantier naval, en attente de partir demain. Nous avons verifie la meteo pour nous decider ... Sardaigne donc, puisque trois jours de bonne meteo.

Nous avons aussi recharge a fond la bouteille de gaz, rempli le reservoir de ces 380 litres d'eau, et j'ai fait le plein de courses et de bonnes choses italiennes. (1 kg de parmesan, 4 litres d'huile d'olive, bonnes conserves, les pates...)
Au chantier naval, il y a non seulement une douche (je n'en avais plus vue depuis deux semaines!), mais aussi une machine a laver. Luxe supreme.

dans la serie des sympathiques rencontres, c'est Vincenzo, un vieux (85 ans) qui a sa barque a cote de nous (un antique bateau de peche, en petit format, qui date de 1952) qui nous a offert un vin cuit Sicilien. je crois qu'il aime bien Xavier parce que son propre pere etait menuisier, et qu'il apprecie que nous bricolions nous meme, comme ca il regarde et prend des conseils. Tout le monde sur le chantier parle de nous comme ceux qui vont au Bresil, alors ils sont aux petits soins pour les "grands voyageurs" que nous sommes.

Les batteries sont rechargees, plus l'ombre d'un nuage dans nos coeurs. Nous avons eu le temps de profiter de Trapani, et meme de decouvrir Erice, une petite ville medievale perchee a 750 metres d'altitude.

On vous embrasse, on espere avoir de vos nouvelles, a bientot
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vendredi 30 octobre 2009

Favignana toujours







On en avait ras le bol du mistral, ou c'est lui qui en a eu marre de souffler...
Le week-end est venu comme un sourire sur cette île aux yeux bleus. ça sent le printemps sur nos vélos, nous arpentons les chemins fleuris jusqu'aux petits sentiers en passant des clubs de vacances désertés par les touristes (et abandonnés par leurs propriétaires) aux criques dont les noms nous font rêver "Calla rossa", "Spiaggia Azura"...
Un réel bol d'air !

Lundi, nous sommes toutes manches relevées pour accueillir Massimo, le mécano en qui nous plaçons tous nos espoirs, mais les incessants coups de de téléphone n'y feront rien... il repousse à 14h, puis ne vient pas!
Entre temps, Xavier plonge pour récupérer l'ancre abandonnée à l'angle du quai lors du fâcheux événement.

Fier comme un coq, j'emmène ma princesse sur l'annexe qui ne se dégonfle plus (depuis que j'ai découvert que les valves étaient mal positionnées) et au bout de 100 mètres le moteur s'arrête...
Moins fier, je me démonte l'épaule à essayer de le relancer et poursuis la manœuvre à la rame contre vent et courant. (JR ne t'inquiètes pas, après avoir tout démonté, j'ai découvert que le robinet d'arrivée d'essence était bouché. Tutto a posto !)

Le lendemain, Massimo pointe le bout de son nez malade et se réjouis de savoir que j'ai trouvé un autre mécano, un vieux à la retraite qui loue des vélos au coin du port.
Dix minutes plus tard, Massimo, son pote, et le vieux débarquent sur le bateau. Concours de gendarmerie à l'italienne, c'est à celui qui aura les meilleures idées ou plutôt celui qui parle le plus. J'ai revu mon glossaire technique et je participe avec enthousiasme en imaginant le résultat magique : le moteur remis en place !
Bon, les heures et les jours passent comme des voitures à Paris. Le premier, malade, le second qui enterre un membre de sa famille, me voilà bien seul face à ce moteur à lever.

Favignana, pas une seule boutique de bricolage en vue, alors que Goudrome est au beau milieu d'un port de pêche en activité.
Nous sautons dans un ferry pour Trapani (Sicile), où nous trouvons des silentblocs (encore un mot que va aimer Vincent) presque identiques aux 4 arrachés. Un petit coup de perceuse chez Miguel (le vieux) et des heures à la lime suffiront à modifier les nouvelles pièces. Pour les reposer, il faut lever le moteur à l'aide de leviers et du poids de Laurène habilement en équilibre au bout, et quelques cales ajustées.
Des heures de gymnastique aidés de presses et de toute la panoplie à bord (et sur le pont). La drisse de grand voile sur le winch nous permet de lever l'arrière pour faire avancer le moteur de... 5 cm !

Dans nos épreuves, nous rencontrons la gentillesse des habitants quasi au quotidien; deux matins de suite les pêcheurs nous offrent du poisson fraîchement pêché, dont une superbe bonite que nous avons cuisinée mi-cuite au jus de citron. Waki, une actrice allemande qui a pris ses quartiers d'hiver ici, après un tournage sur le sol italien, se fait le porte parole des locaux qu'elle connait bien, et nous présente à tous ses amis, parmi lesquels le propriétaire du plus vieil hôtel sur l'île, qui nous propose généreusement de nous y installer.

Un soir, alors que j'allais faire souder une pièce chez Miguel, je vois Laurène au loin qui aide un voilier à accoster à couple de Goudrome; 5 italiens à bord, Francesco (le capitaine, qui parle anglais) nous propose de l'aide.
Le lendemain à 6h30, son pote boulanger surnommé "Godzilla" tant ses mains sont grandes, se plie en 4 et nous aide à positionner les supports complètement inaccessibles à l'arrière et à démonter l'arbre. Super!
La dernière fois que nous avions vu un boulanger faire de la mécanique, c'était à Manosque, pour une pièce de moto. Le type travaillait dans une pâtisserie de luxe à Paris, avant de devenir allergique à la farine.

Nos amis italiens doivent partir, le moteur est enfin en place, mais maintenant c'est l'arbre qui pose un problème : il est plié et impossible a redresser. j'ai passé plus d'une heure sous l'eau, avec des serre-joints et des tas d'outils accrochés. Rien à faire. Nous devons ressortir le bateau et cela n'est possible qu'à Trapani ! Un drame pour Laurène qui va donc devoir s'éloigner de la gelateria de la place principale et qui ne pourra pas expérimenter les autres parfums !
Un pêcheur nous aidera à sortir du port demain matin (samedi) et nous ancrerons à l'entrée du port de Trapani en attendant lundi.

A Favignana, le ciel est bleu mais nos pensées sont grises, Laurène se console en lisant l'intégralité de la bibliothèque de Jean-René, et moi je vous écris qu'il pleut dans mon cœur.


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