mercredi 23 juin 2010

Faïal - (Horta) Entre terre et mer


Marina de Horta




La caldeira


Petit lusitanien dans les champs de menthe sauvage

Au dessus de Horta

Ce chariot transporte des petits pain de maïs pour la fin de la messe de la "festa da mundo rural"



Baie de Porto Pim, vue de la terasse du petit bar/restaurant du même nom
Cours de dressage matinal avec Arpaõ
Notre "trace" du passage à Horta
Aucune idée de ce qu’a pu ressentir Amstrong lorsqu’il a posé le pied sur la lune.

Pour nous ce 11 juin 2010 la terre, la dure, l’immobile fut matérialisée par d’abord par un quai intégralement recouvert de peintures souvenirs, de traces laissées par les navigateurs de passage sur Faïal.

Ce quai, nous le foulons après avoir enjambé 5 filières et salué chaleureusement les propriétaires des bateaux à couple que nous traversions. Les premiers pas cotonneux nous étourdissent, nos jambes molles nous conduisent directement au bâtiment flambant neuf de la capitainerie toute proche, nos yeux se croisent et se perdent. Le sol est une fresque gigantesque, les quais sont bondés de bateaux, de drapeaux, d’énergie… trop d’informations pour nos sens engourdis !

Depuis des semaines, notre esprit vagabondait tranquillement. La moindre information provenant d’une vague proche ou de l’horizon lointain éveillait notre curiosité.

Nous entrons dans le premier petit bureau, moderne et clair et trouvons deux hommes souriants. Ils s’expriment, blaguent en français, anglais et portugais. Les conversation entrent et sortent de la pièce (il y a du monde partout), un anglais d’une soixantaine d’années (copie conforme de Woody Allen) fait appeler la prison où se trouve son pote qui transportait 200 grammes de cocaïne, un jeune français libère une place de port et a le malheur de croire que la capitale des Açores est Sao Miguel (les Açores sont des Iles Portugaises, Lisbonne est la capitale).

Les formalités nous conduisent ensuite dans les bureaux de douanes, immigration et enfin la police maritime. L’ensemble se fait dans le même petit bâtiment, en moins de dix minutes et pour la modique somme de deux euros mais nous resterons à couple quelques jours.

Il est midi, l’excitation a pris le soin d’épargner nos estomacs depuis la veille (le dernier repas avalé date d’avant la nuit), nous redécouvrons l’architecture et le souffle de l’histoire à travers les premiers trottoirs pavés de noirs et de blancs de Horta.

Quelques centaines de mètres à peine pour trouver le mythique bar, rendez vous incontournable des circumnavigateurs, le célèbre « café sport ».

Nous y prenons notre premiers repas en partageant nos expériences respective avec Christian et Nadia (sur leur voilier Diogène, un couple suisse et leur fils Youri).

Ce bar est une véritable institution, le fondateur « Peter », accueillait déjà les marins après la seconde guerre, aujourd’hui c’est son fils José qui poursuit la mission avec les nombreux plaisanciers. Le port aussi s’est adapté et agrandi avec la croissance du nombre de bateaux, accueillant maintenant plus de mille deux cent voiliers par saison et le plaçant Horta en quatrième position des ports les plus fréquentés du monde. L’extension de la marina en est la preuve vivante, les centaines de mètres carrés du béton neuf furent recouverts des traditionnelles peintures en moins de deux saisons !

Les douches sont installées dans un bâtiment moderne au bout de l’ancienne marina, la propreté se paie mais ceci n’a rien de comparable avec le plaisir de voir couler l’eau chaude et de se voir offrir une serviette propre.

Nos promenades aux quatre coins de la ville nous font découvrir sa richesse culturelle,un fin mélange d’architecture baroque, de façades carrelées mais aussi la diversité de la flore.

Ce week-end, un événement retient particulièrement l’attention de Laurène : « la festa da mundo rural ». Au programme : exposition de bovins, compétitions équestres, concours canin, distributions de prix, etc. L’île est exactement à l’image du pays de ses rêves, l’agriculture comme l’élevage sont riches et diversifiés. Avec la pêche, c’est le cœur de l’activité des habitants, il y a plus de véhicules agricoles que de voitures dans les campagnes.

L’Ile de Faïal nous dévoile ses merveilles chaque jour, à peine sorti de la jolie ville d’Horta, nous plongeons dans le calme, la beauté et la tonicité du printemps, les parcelles de prairies sont séparées par des haies volumineuses, généralement des Hortensias qui fleurissent toute l’île, mais aussi par des espèces tropicales (cactus, palmiers,…) et d’autres de nos régions tempérées (des conifères, platanes,…).

On doit se pincer au réveil pour y croire : nous sommes au milieu de l’atlantique, à moins de1500km de Lisbonne, sur l’une des neuf îles qui composent l’archipel des Açores. Le décor est d’un vert fabuleux, la faune et la flore d’une richesse inépuisable et les gens sont charmants !

Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer pourquoi cette merveille de la nature est épargnée du tourisme de masse ?

Les qualités de cette escale sont infinies, on se demande ce qu’on est allé f… aux Antilles.

Bref, Goudrome est maintenant amarré au ponton B (les petits bateaux sont les plus rapidement placés, les petites dimensions du port en sont la raison), le ponton d’accueil compte encore un roulement de plusieurs dizaines de voiliers à couple. Nos voisins sont sympas : Vladimir sur bâbord, qui habite sur le voilier d’un ami/patron russe (il est ukrainien et bosse comme soudeur à Faïal, il nous prouve ses talents sur l’œillet cassé de la bosse d’enrouleur !). Sur tribord, Laurent fraichement arrivé sur son Ovni 28 pieds (8,5m) qui ressemble a un petit bulldozer des mers. La coque est en aluminium brut, pas de filières, rustique mais efficace. Un voilier léger et maniable en solitaire, son faible tirant d’eau lui a permis de remonter des rivières, il a passé dix ans au Sénégal !

Chaque matin, le ciel déguise le mont Pico sur lequel s’ouvre le port d’Horta quand Laurène disparaît dans la brume pour son cours d’équitation.

Pour la petite histoire, le festival du monde rural a réveillé la passion que Laurène entretient pour l’équitation. En plus de présenter des chevaux magnifiques, les festivités se sont achevées par une vente aux enchères.

Ainsi, Laurène a vu partir des bijoux contre des sommes ridicules. Le lendemain, nous étions au centre hippique d’où provenaient ces bestiaux, le jour suivant je prenais ma première leçon sans selle (au départ, mes fréquentes douleurs dorsales motivaient un refus catégorique mais que faire face à l’insistance et à l’envie de partager une passion qui éclairaient les yeux de Laurène) !

Pendant que Laurène travaille Arpao, un magnifique lusitanien de 5 ans avec un sourire aussi large que sa monture, je suis longé par une autrichienne qui me fait un cours d’une rare exigence sur le fonctionnement des muscles du cheval évidemment mais aussi du maintien de la précieuse colonne vertébrale qui me crée des soucis. Le résultat est surprenant, il a pour effet l’inverse de ce que je redoute (une vraie séance de kiné.) !

C’est que Birgit n’est pas arrivée ici par hasard, elle est venue spécialement pour exercer le dressage des chevaux destinés à la corrida portuguaise (très différente de l’espagnole et pour cause, il n’y a pas de mise à mort et le taureau gracié bénéficie d’une jolie retraite). Notre premier contact avec ce « centrou hippicou » conduit Laurène au plus profond de ses rêves, les écuries sont entièrement composées des plus beaux spécimens de chevaux de race Portugaise, et les leçons de dressage qu’elle découvre sont riches et loin des pauvres balades touristiques.

La vie est belle, le vent du large nous amène de nouveaux bateaux chaque jour, parmi eux des amis sur le catamaran « Ile de Ré » qui apparaît dans le port alors que nous passons à table sur Goudrome.

A son bord, Olivier (skipper professionnel) qui navigue toute l’année pour la petite société « d’îles en îles » accompagné pour la traversée de son sympathique boulanger pâtissier « gégé ». Ce Lagoon de 47 pieds est idéal pour le programme proposé : sorties à la journée/week-end pour une dizaine de personnes. Pour ceux ou celles qui désirent faire une virée sympa en mer depuis La Rochelle( Ile de Ré, Ile d’Oléron, Ile d’Aix, Fort Boyard) n’hésitez pas à contacter Olivier de notre part ( 70 euros la journée/personne)

Ils ne pouvaient pas tomber mieux, notre repas achevé nous laissait de quoi préparer deux bons hamburgers maison ! C’est donc muni du casse croûte de bienvenue, de quelques bières fraîches et d’un petit vin local que nous les rejoignons.

Une fois de plus le scooter s’avère le moyen idéal pour élargir la promenade, nous partons au cœur de la campagne, gravissons des sentiers rouges à perte de vue jusqu’à se perdre. Notre ascension débouche plus haut que les nuages au sommet de « la Caldeira », un cratère de deux kilomètres de diamètre au milieu d’une des nombreuses réserves naturelle.

Les routes sont libres de trafic, nous croisons moins de véhicules que de vaches.

C’est ainsi à Faïal, un seul feu rouge, entrez à la poste ou dans n’importe quelle boutique et vous serez servi à votre rythme, simplement. Il y a 15000 habitants sur l’île et pourtant les infrastructures mais surtout les mentalités sont prêtes à vous accueillir au mieux.

Nous n’en sommes qu’à la première et sommes déjà conquis, les produits du terroir des îles voisines ont déjà couvert notre table. En arpentant le joli petit marché, la coopérative, nous découvrons la grande variété de fromage de Sao Jorge, les vins particuliers de Pico, mais aussi ses ananas réellement succulents !

En poussant la porte de petites tavernes, nous dégustons de la « sopa de baleina » et d’autres spécialités de poisson comme la « cataplana à moda dos Açores», la gastronomie portugaise nous réserve encore plein de surprises !

On a un peu de mal à se priver, la vie est tellement moins chère qu’à Paris ou ailleurs (la bière à 80cts, le resto à moins de 5euros, parfois moins de 3 même pour un poisson grillé et son accompagnement, sourire inclus !!)

Autant vous dire que j’ai trouvé mon petit troquet sur le port pour le rituel du petit café (celui-ci contre 60 cts avec un GRAND verre d’eau en terrasse et internet gratuit, comme partout dans la ville !).

En général j’y croise Victor, un vieux qui a quartier libre jusqu’à 11h, il est allé en France en 1978 et adore parler français. De mon côté, je m’applique à éplucher quelques articles du quotidien pour progresser en portugais, l’accent de Faïal n’aide pas, il est tellement prononcé que la télévision a recours aux sous-titre quand elle diffuse sur le continent !

Nos soirées sont aussi l’occasion d’aller vers les nouveaux arrivants, les rencontres sont les fenêtres de nos esprits. Que ce soit le célèbre français, Pierre Raffin-Caboisse qui arrive en solitaire sur son langoustier avec ses jolies aquarelles et tant d’histoires à conter (sur les traces de Lapérouse, babarautourdumonde.fr), ou le jeune navigateur allemand Reinhart qui a fini par s’installer ici après quinze années de voile.

Il achète un terrain au milieu de la brousse avec une structure de maison inachevée pour une bouchée de pain et choisi ainsi de vivre sans eau ni électricité (il récupère l’eau de pluie et possède deux batteries de voiture). Son petit coin de Robinson est à deux pas du centre hippique, nous ne tarderons pas à lui rendre visite !

Une dernière rencontre mérite d’être notée, celle de Carolina, une anglaise rencontrée chez Vladimir qui nous offrait un délicieux Borshch (une soupe ukrainienne composée principalement de betterave, haricots rouges et viande bouillie). Carolina a commencé par naviguer en bateau –stop pendant de longues années avant de quitter son boulot de graphiste à Bristol pour s’installer sur le bateau que lui a offert récemment un anglais qui n’en voulait plus !

Le voyage à cela de bon, il permet de rêver mais aussi de voir que tout est possible !

Nous veillons aussi à laisser une trace de notre passage...



5 commentaires:

  1. le paradis n'est pas forcément au bout du monde je suis heureuse de vous savoir heureux biz chantal

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  2. c'est toujours un plaisir de vous lire

    la fresque sur le quai semble être du grand art;o))
    abrazo

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  3. Quel bonheur de vous lire !!! votre enthousiasme est communicant ... Tres gros bisous de shanghai

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  4. Hello Cousin,

    OUahhh!!! Époustouflé, super blog, je viens seulement de le découvrir par le biais du facebook d'Etienne et j'ai pris un grand plaisir à vous lire. Incroyable périple, là on peut dire que vous êtes des aventuriers! Prenez bien soin de vous, attention aux requins, aux sous-marins et autres monstres marins.;-) A très bientôt. Martial

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  5. ciao belli!gianni here ,italian in martinique,remember? ..sorry for late..I can't wait to have a boat and live a beautiful adventure like you and never stop..I lost your email..what about brasil?a big hug..gianni

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