vendredi 11 juin 2010

Transat : Marie-Galante (Guadeloupe) jusqu'à Horta (île de Faïal, Açores)

















Quitter les petites Antilles pour le vieux continent, c’est un peu comme s’extraire de la torpeur des tropiques et faire route vers la réalité.
Partir en voilier ne ressemble en rien aux habituels rites du départ. On ne boucle pas sa valise, on ne prépare ni sac ni casse-croûte, on ne salue personne à l’embarquement, on ne présente aucun papiers…
C’est plutôt un déménagement façon manouche, ou une de ses migrations saisonnière que vivent les oiseaux. La seule différence étant que nous partons seuls.


Les récoltes de frais du marché de Pointe à Pitre sont stockées dans les filets, Goudrome est paré de son foc de route, la trinquette est endraillée sur le bas étai et les bastaques sont prêts au poste intermédiaire.
La météo que nous téléchargeons depuis quelques jours est correcte, même si le vent ne semble pas vouloir passer au Sud Est (ce qui rendrait tout tellement plus confortable !).

J’avais établi un programme idéal pour le départ, un peu romantique… (L’apparition du soleil à travers la mangrove de l’île d’Emeraude).
La Guadeloupe ainsi surnommée est une île en forme de papillon, les ailes qui la constituent (Basse-Terre et Grande-Terre) sont séparées par un mince bras de mer, la rivière salée. Mon intention était d’emprunter cette rivière (bien balisée et draguée dans les passes les plus délicates permettant ainsi le passage aux embarcations jusqu’à deux mètres de tirant d’eau) qui nous aurait conduit plein Nord et nous évitant par la même occasion un gros détour.
Le pont de la Gabarre conditionne l’accès Sud de la rivière, il faut s’y présenter feux allumés quinze minutes avant l’ouverture, soit à cinq heures du matin.
C’est là que Laurène intervient et refuse en bloc l’idée de passer la nuit dans la mangrove en compagnie des moustiques.

Ce que femme veut...

Nous envisageons alors un départ depuis l’île de Marie Galante plus au Sud où nous prendrons un dernier bain. Il est 19h, les rayons de soleil orangés éclairent la jolie baie de Saint-Louis de Marie Galante où nous mouillons pour la nuit.

Le dimanche 16 mai, grains et puissantes rafales depuis ce matin, nous avons loupé le bulletin météo diffusé à 11h30 T.U. sur les grandes ondes par RFI (7h30, heure locale).
Laurène me souhaite un joyeux anniversaire sur le ton d’une formalité tant elle est tendue par le départ…
A 12h20, l’ancre est rangée pour de bon, c’est parti pour un calvaire de plus de vingt heures, un chemin de croix ! Il faudra tirer 7 bords de près serré (70 miles inutiles cumulés contre vent et courant, 120 kilomètres !) dans le canal entre Marie Galante et la Désirade pour enfin arriver au vent des îles. Cela sous la pluie battante des grains violents qui s’enchaînent et réduisent la visibilité à zéro.
C’est épuisant, le bateau est trempé, j’ai à peine dormi et la grand voile menace de se déchirer au niveau de l’œillet du premier ris.

Laurène a été malade toute la nuit, elle n’a rien avalé, la communication aussi ne passe pas facilement… Je recolle la voile à poste et réclame ses compétences pour ce qui concerne la couture à faire d’urgence.
La réparation achevée se solde par une petite crise… Cette fois Laurène veut débarquer à Saint-Martin…

C’est l’occasion de citer une phrase d’Igor (un bruxellois aussi surprenant que sympathique qui achève sa dixième année à bord de « miss terre » ; à travers son voyage et des interviews, il s’interroge et interroge le monde sur les rapports humains) :
« La mer et la navigation c’est super, pour ceux qui résistent ! »

L’allure qui rend nos voiles propulsives pour les huit premiers jours est le pré serré : c’est le positionnement de voilure le plus près du lit du vent. C’est aussi le plus inconfortable puisque la houle est généralement orientée dans cette direction et que le bateau gîte (se couche) sous les effets combinés du vent et de la mer (quand la mer se forme, des embruns puis des vagues passent par-dessus bord et inondent le cockpit).
La vie à bord est alors quelque peu chaotique, si Laurène rédigeait cette note la navigation s’apparenterait au cauchemar!

Il n’y a décidément pas de Sud dans le vent d’Est, en faisant cap à 30° compas, on trace une route fond (un cap réel) à 5°, donc presque plein Nord…
Cette route nous conduit aux Bermudes, à un peu moins de mille miles nautiques au Nord. L’option est donc dictée par le vent, nous irons jusqu’à la latitude des Bermudes pour y trouver des vents favorables. En fait la traversée depuis les petites Antilles (d’Ouest en Est) peut être envisagée de deux manières par les bateaux naviguant à la voile. La première qui a pour inconvénient d’allonger la route de quelques 500 miles est celle que nous empruntons, dix jours sont nécessaires pour toucher les vents portants. Ces vents sont assez forts car compressés entre des dépressions bloquées par l’anticyclone qui se trouve entre les deux alizés.
La seconde option est la route orthodromique, la plus courte mais aussi celle des grands calmes générés par l’anticyclone. Partir pour cette option nécessite un bon moteur et des réserves de gazoil conséquentes.
La dernière consiste mettre son bateau sur une gigantesque barge et se délester de dix mille euros…

Embarqués par le vent et la mer qui ne cesse de gonfler, nous sommes très satisfaits du petit foc et des deux ris dans la grand voile qui suffisent amplement à pousser les limites de Goudrome. Le septième jour, nous parcourons plus de 150 miles par mer forte et un vent moyen de 35 nœuds.
Le régulateur d’allure (pilote qui fonctionne grâce au vent) est fidèle depuis le départ, il tient toutes les allures impeccablement, cela nous permet de faire des quarts à l’abri des averses, des embruns et du froid qui nous vole un degré par jour !

Et pour preuve, pas un petit café, pas une goutte d’alcool et des menus qui ne pourraient pas porter de nom. J’essaie de préparer des petites choses simples pour que Laurène reprenne goût à s’alimenter mais sans succès.

Le 26 mai, le vent passe enfin au Sud Est, les nuages laissent le bleu du ciel nous parler, le soleil apparaît comme un sourire !
C’est qu’il fait presque chaud aux Bermudes, mais le baromètre a perdu quatre hectopascals et RFI donnait ce matin un avis de coup de vent pour Ridge (la zone « météo » vers laquelle on se dirige, juste au Nord), gloups.
Comme le vent nous a fait le cadeau de passer au portant, nous lofons légèrement pour faire plus d’Est.
Le jour suivant, Laurène est en forme, elle se met à s’agiter de nouveau, elle est vivante ! On profite du calme plat et du soleil pour se laver et procéder à un grand rangement /séchage du bateau (une mini fuite m’a échappé dans les préparatifs et c’est pile au dessus du placard à vêtements, avec les vagues qui balayaient le pont, inutile de décrire le résultat).
La pause est de courte durée, la nuit à avalé le bel astre et le décor reprend le ton de la grisaille. Le vent monte et une série de grain couronne le tout, l’avantage c’est qu’on avance bien.

En virant Est pour éviter le coup de vent, nous nous empêtrons dans une zone de vent variables et de calmes: changement d’amure et d’allure, puis plus rien alors on se bat en affalant, en envoyant le génois léger, etc
Puis vient la réaction de facilité : pas de vent = moteur…
Nous brulons quelques litres de Gazoil, agressons nos tympans puis décidons de poursuivre à la voile, nos réserves de carburant sont minuscules en proportion de la route à parcourir (deux jours d’autonomie pour plus de dix jours restants).
Après tout, si on était pressé on aurait pris l’avion, et surtout pourquoi courir vers la terre puisqu’on a beaucoup de chance d’y passer la fin de nos jours, voir d’y rester !
Là, quelque chose a changé, refuser d’utiliser le moteur pour « gagner » du temps, c’est considérer qu’on vivra mieux et plus longtemps en le consommant tranquillement.

Le 30 mai 2010 (une pensée particulière pour mon frère Nicolas, joyeux anniversaire !), nous sommes quasi immobiles au beau milieu de l’océan, après le petit rituel du bulletin météo, je me prépare tranquillement un petit café italien, auquel j’ajoute une demi petite cuiller de sucre de canne en poudre…
La tasse est bien calée dans le cockpit, à côté de l’assiette où j’ai soigneusement disposé les tartines beurrées et grillées à la poêle.
Comme tous les matins secs, j’ai installé deux coussins confortables sur la banquette où je contemple tout ce qui sépare mon œil et l’horizon.
En portant la tasse à mes lèvres, je découvre mon petit café légèrement trop sucré. Il y a déjà tellement de sucre dans la confiture. Le sucre m’a certainement échappé, pas grave.
Je redescends et mélange mon premier petit café (celui de la tasse) avec le second (celui qui reste dans la cafetière) qui est en général celui qui sert à réchauffer le premier, quand il a refroidit.
Ensuite, arrive le plaisir de la cigarette, je consacre toute mon attention à fabriquer la première de la journée. Si elle est bien faite, et même si elle est trop grosse ou trop tassée, je recommence pour doubler le plaisir.
Enfin, je passe aux petits réglages de voiles. C’est ce qui fait la différence avec une caravane sur roues, la notre est mise en mouvement par la grâce d’Éole. Ma mission consiste à border, choquer, déplacer un point de tire pour la beauté de l’écoulement de l’air sur la toile mais aussi pour préserver le matériel.
Quand le souffle d’air est insuffisant, on se replie sur le spi léger qu’un souffle contente. Une fois de plus, nous quittons la pétole.

La surface de l’océan huileuse repousse l’horizon à l’infini, nous observons longuement une baleine à une cinquantaine de mètres, en commençant par sa lente et puissante respiration, puis son aileron et enfin sa queue gigantesque. C’est la première fois que je vois cet énorme mammifère, je ne me souviens pas en avoir vu dans les zoos parcs océanographiques (il en faudrait de l’eau pour reconstituer l’habitat d’un poisson de vingt mètres !).
Dans le domaine du minuscule, nous découvrons des méduses pas comme les autres. Elles sont colorées et ont une nageoire dorsale qui prend le vent.
La mer calme m’autorise aussi à grimper en tête de mat pour y bricoler l’antenne VHF qui pendouille affreusement. L’intervention se solde par un échec (le câble sur lequel je m’énerve finit sectionné, adieu la communication…jusqu’aux Açores)…mais me permet de repérer un pétrolier qui fais une route parallèle à quelques miles.

Le spi, affalé avant la nuit, nous a porté au-delà du 35° Nord. Suffisamment pour toucher des vents plus forts. Le temps change progressivement, ça monte une journée puis ça retombe un peu avant de décoller. La mer devient musclée, forte à très forte, les vagues qui écument nous font atteindre des vitesses inespérées. Des paquets d’eau remplissent le cockpit et vont parfois jusque dans la descente. Avec les embruns qui volent à la crête des vagues, notre cocon est à nouveau trempé. A deux reprises, je sors sans bottes ni ciré et me fait rincer de la tête aux pieds…

Le 3 juin, nous sommes escortés vers le soleil qui enflamme l’horizon par un groupe de dauphins. La mer est démontée, nous prenons un petit déjeuner dont l’ingrédient principal est le mouvement. Laurène assise en face de moi dans le carré, la jambe droite tendue à 90° en guise d’appui, me regarde en cherchant naturellement à conserver la verticalité.
Son buste est un balancier au milieu duquel sont réunis ses bras qui créent un second mouvement d’équilibre, qui consiste lui à maintenir un bol de céréales recouvertes de lait à l’horizontale.
Ce spectacle est complété d’un son étourdissant venant de l’extérieur mais aussi produit par d’un tas d’objet balancés. La vaisselle danse dans les placards, les brosses à dents s’embrassent dans un verre, le linge qui sèche crée son propre vent, …
C’est très divertissant tout cela, on éclate de rire en imaginant cette scène jouée sur les planches : des types à l’extérieur pour secouer l’embarcation et agiter voiles et gréement, d’autres pour jeter des seaux d’eau sans relâche, le bruit de la mer, les objets qui vivent et qui nous échappent sans cesse, la démarche et les appuis des personnages ( version une ou deux mains occupées)…

Ce moment de loisir est suivi du point journalier qui nous indique clairement une route trop Nord, nous devons empanner.
Par vent frais, la manœuvre est délicate, (cela nous a déjà coûté quelques coulisseaux) la voile peut claquer violement lors du passage d’un bord à l’autre.
Vêtus de nos bottes et de l’intégrale « au sec », les gilets attachés aux lignes de vie, nous ramenons la bôme vers l’axe du bateau avant d’abattre légèrement pour passer d’une amure à l’autre.
Malgré toutes les précautions, la voile se déchire sous nos yeux en un éclair. Catastrophe, je suis au pied de mat pour affaler avant d’avoir cligné des yeux. Elle est rapidement ferlée et nous constatons l’étendue des dégâts, une couture oblique a cédé sur plus d’un mètre entre les ris 2 et 3, les renforts ont protégés la chute, ouf c’est réparable !
La mer grosse et la pluie nous contraignent à attendre le calme pour opérer.

Nous déposons la grand voile dès 5h le lendemain, juste avant un grain !
La première étape consiste à réassembler parfaitement les toiles séparées à l’aide d’une colle bi-composant, la seconde est une longue punition de couture pour Laurène.
Elle le prend plutôt bien finalement, aidée par un coffret de « compact disc » lu que lui avait offert son gentleman de patron : « Le bateau ivre » de Rimbaud. La programmation est minutée au point près, Laurène achève l’atelier vers midi, au bout du dernier mot.
Cette opération est de loin ce qu’on a fait de mieux sur Goudrome depuis le début, Jean-René nous pardonnera la déchirure en constatant que cette réparation est en définitive le point le plus solide de la voile.

Goudrome privé de sa grande aile pendant plus de douze heures accuse le coup, maintenant que la bonne brise nous a quittés, le baromètre grimpe…
Nous goûtons alors au calme légendaire produit par le célèbre anticyclone des Açores, son évolution est un peu la clef de voûte du système météo en atlantique Nord. Sa position et ses mouvements affectent et régulent directement les dépressions, et donc la pluie ou le beau temps sur l’ensemble de l’Europe.
C’est passionnant d’étudier la météo, avec des observations locales, le baromètre, et le bulletin quotidien donné par zones, on peut se faire des représentations graphiques sur l’ensemble de l’océan.

Les nuits sont plus humides à ces latitudes, plus fraîches aussi. Mon père en nous rendant visite nous a laissé une flûte et un bouquin d’astronomie. La flûte à bec n’a eu aucun succès ; actuellement à bord du voilier « Quique en Grogne » dans les mains d’une petite Tessa, elle doit exaspérer ses parents qui devront la supporter jusqu’en Nouvelle Calédonie.
Pour ce qui est du guide du ciel, il m’a permis de découvrir les fondamentaux (localiser l’étoile polaire, c’est pratique pour voir le reste), de nommer et de comprendre mes observations précédentes. En bateau nous sommes loin des terres polluées de lumière, il n’y a aucun obstacle à l’horizon, c’est vraiment idéal.
Les observations les plus intéressantes ont lieu actuellement juste après le crépuscule.
Par exemple, Vénus (l’étoile du berger) qui apparaît dans le rose de l’Ouest un peu avant le coucher de soleil, elle est la plus lumineuse mais aussi la dernière à disparaître à l’Est.
Puis ce sont toutes les constellations qui s’illuminent (les noms, venant de la mythologie grecque, mais aussi du latin et de l’arabe ne sont pas moins magnifiques que leur éclats).
La lune arrive pour sa ronde en belle reine de la nuit, un peu plus tard.
Cela laisse un délai de nuit noire qui offre le spectacle le plus riche à l’œil nu. Outre les étoiles et les comètes, cinq planètes sont visibles sans instruments. Mars en tout cas est facilement reconnaissable par sa couleur rouge.

Lors de mon premier quart de nuit, à bord d’Harmattan, Fred me cédait la barre avec quelques recommandations. Le voilier entre mes mains fonçait à toute allure vers les îles Silly.
C’est impressionnant de glisser sur l’eau dans l’obscurité absolue ; les sons, l’odorat et la peau augmentent leur capacité de réception et envoient autant d’informations que le feraient nos yeux. Je n’ai aucune idée du nombre de nuits passées en mer depuis mais le temps et les sensations sont tellement différentes à présent que la nuit ne sera plus jamais comme avant.

Etre à deux (en couple), partager une longue navigation hauturière, c’est accepter de baisser la garde, d’être soi-même pleinement mais aussi avec l’autre dans l’absolu.
Ainsi, Laurène et moi sommes quotidiennement disposés l’un pour l’autre, une tendresse toute particulière est née.
Goudrome nous plonge hors du temps (on aurait pu vivre exactement la même traversée, dans les mêmes conditions il y a vingt ans), loin du rythme effréné lié au progrès, loin des influences néfastes de la publicité, de l’information immédiate qui rongent les esprits.
Si la bagarre en mer peut durer plus d’une semaine, le calme nous attend toujours derrière avec un chapelet de plaisirs à revisiter.
Alors que je suis comme une antenne au vent sur le pont, Laurène est un récepteur décodeur confortablement lové dans une couchette, sur le chemin d’un grand nombre d’écrivains (pas un jour ne passe sans qu’elle inscrive la position géographique au dos de la couverture du bouquin qu’elle achève !).Les rêves sont au cœur de nos préoccupations, nous imaginons des réalités, bâtissons des projets utopiques et projetons tout cela dans l’environnement que nous avons laissé. Le temps se promène dans nos jardins, des souvenirs forts jaillissent, nous discutons sans nous lasser.

Le rêve les plus cher, celui qui nous habite aujourd’hui est de rallier l’archipel des Açores à la voile. Le 10 juin nous sommes presque au but, à l’aube il est 2h30 du matin à bord (pour des questions pratiques la montre chinoise que nous acquîmes dans les rues de Pointe à Pitre resterait à l’heure des Antilles pour la traversée).
Soixante-dix huit miles restent à parcourir, ça sentirait l’arrivée de nuit… si le vent n’étais pas de secteur Nord Est.
Voilà maintenant deux jours qu’il ne bouge pas de ce secteur, notre cap accuse le coup, au près serré nous ne faisons guerre mieux que 120° alors que la route réclame 90°.Trente petit degrés qui coûtent à un cap qui devient vite Nord Est. Nous louvoyons (passons d’un bord à l’autre : 120°/20°compas) en subissant un courant de secteur Nord Est, la brise de plus en plus faible limite notre allure, la journée s’achève sur des bords qui s’annulent et le nombre de miles parcourus est ridicule.
Pas de quartier pour nos oreilles, mais aussi pour notre projet de tout boucler à la voile, c’est parti pour la chanson des trois cylindres !

La dernière nuit est nuageuse, une légère bande à peine lumineuse se distingue sur l’horizon quand la pupille est à son comble. A partir de 40 miles nautiques (environ 75 km) nous repérons clairement le halo de lumière provenant des îles Faïal et Pico.
L’étrave de Goudrome divise la houle de face et retombe dans un rythme harmonieux, chaque appui génère un sillage vert fluorescent qui naît à la proue et s’élargit jusqu’au cockpit. La mousse d’écume argentée parsemées de boules et d’éclats verts fluorescent dépasse de loin toutes les illuminations de plancton vues jusqu’ici !
L’hélice ferme la marche en produisant un couloir étroit, une prairie lumineuse sur vingt cinq mètres.
Nous sommes bouche bée dans le cockpit, ce phénomène est dû à la densité du plancton qui croît avec les courants ascendants et qui apportent des minéraux des profondeurs.
Sur bâbord, à une dizaine de mètres, là où l’écume de notre sillage s’efface dans le noir surgit une tâche gigantesque sous forme d’un ciel étoilé …
Eblouissant, magique mais aussi déconcertant, est-ce un banc de poisson ou une baleine ?
Les baleines sont nombreuses autour de l’archipel, certainement grâce au plancton, je dégluti en silence en priant pour ne pas toucher une baleine qui dort.

Le 11 juin 2010, nos yeux découvrent la tant convoitée terre de Faïal, après 25 jours de mer nous touchons presque à nouveau l’Europe et c’est le Portugal qui nous accueille.
Nos cœurs sont serrés, nos jambes fourmillent, une bière fraîche et un repas chaud nous ferons le plus grand bien !!

On vous embrasse
Xavier

PS : Même si j'ai toujours (re)douté cette traversée (comme toutes), je n'ai mis à exécution aucune des menaces de débarquement, et grâce à la volonté (l'acharnement?) de Xavier, je suis aujourd'hui très fière de l'avoir faite. J'ai vomi (vous me prenez pour qui ?) mais avec le peu de recul dont je dispose, je peux même dire que je l'ai appréciée à sa juste valeur avec la sérénité dont j'ai manqué à l'aller.
Des bisous
Laurène

14 commentaires:

  1. quel bonheur de vous savoir arrivé , je peux enfin respirer.....Je suis fiére de toi , ma bibiche et bravo à toi Xa .Je me dépéche de prévenir jean françois et béatrice
    Bisou d'une maman super heureuse.

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  2. Soulagement et plaisir de vous savoir arrivés, une fois encore passionnant a lire, mais vraiment bravo à vous, vu ce qu'il vous a fallu surmonter.

    On est fiers de vous. Reposez-vous bien aux Açores.

    Bisous a vous

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  3. Bravo les aventureux!
    Quel soulagement de vous savoir bien arrivés.
    On vous embrasse très fort en attendant de vous croiser peut être cet été du coté de la charente.
    Caro, Nico, Louise, Oscar

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  4. milles bravos et tres heureux de voir que vous avez tenues commes votre moillage de mindello bises Claude

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  5. Epicure passe le 30 eme paralelle il se dirige je croi vers flores arrivee estimee ~ 14 jours

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  6. enfin vous voilà !!
    heureux de vous savoir en pleine forme ,reposez vous bien et j'espère à bientot ,peut etre cet été
    bisous à vous deux
    olivia-stéphane-alice-thomas et arthur

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  7. voici l'evenement le plus important avant la coupe du monde!!!!!allez les saintouennais vous etes nos champions!!!!!!!

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  8. Ah ce que vous êtes beaux et bons! Bravo les Marins! Me voilà rassuré! J'ai hâte d'être ivre de vos récits!

    Bizzz!

    Bertrand & Co

    PS: scoop pour Laurène, notre ami André a trouvé son Pic-Pic: un chaton de St Amand les Eaux (un chti chaton quoi!), et je n'ai toujours pas fait mon blog!

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  9. Soulagés et heureux , il nous tarde de revoir vos bouilles brulés et fières !
    Xa, ta missve nous a touché en plein coeur ......
    Tendrement
    Caro

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  10. Salut les goodrhum!
    content de vous savoir arrivé in horta.
    Que l'agua ardente vous soit douce!!
    De mon coté j'ai livré le cata à Barcelone, vendredi, un petit crochet par la Bretagne et je reprend un bateau pour Lisbonne ce mercredi. portez vous bien. Julien_________/)_____

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  11. Bon.... C'est comme les autres ... rien a ajouter , je suis bouche bee , admirative , effaree ... Bravo et bravo encore . Je suis encore et toujours plus fiere de vous ... Pensez a vous reaclimater !!! Reposez vous bien !
    Mille bises de shanghai

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  12. Félicitations,
    Vous avez fait une superbe transat. Vous devez être épuisés de bonheur
    De notre côté, nous sommes à Puerto Madryn, en Patagonie, où nous guettons les baleines qui viennent y donner des cours de natation à leur baleineaux à quelques mètres de la plage. Et on dit même qu'on peut y louer des combinaisons et nager avec elles. Mais c'est défendu. Vraiment ?
    Bon courage pour le retour,
    Nous vous embrassons
    Nico & Max

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  13. Malgré tous les grands vents que vous avez décrits, j'ai eu pour ma part le souffle coupé au récit de votre traversée. Youpie et bravo!

    L'agent TV

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