mercredi 16 septembre 2009

En direct de Finike



Mercredi 16 septembre :

« Avant de commencer le récit de nos aventures, je consulte la définition du mot voyage par pure curiosité : « Fait de se déplacer hors de sa région ou de son pays. Allée et venue d’un lieu dans un autre pour transporter qqch. Etat hallucinatoire provoqué par l’usage d’une drogue »( Larousse 1980).Bon…

Paris-Roissy Charles de Gaulle le 10 septembre 09, accompagné de Raphaël qui accepte de se joindre à moi pour le meilleur et pour le pire… La mission étant de « bricoler » sur Goudrome que nous trouverons en Turquie, au sud d’Antalya, dans la marina de Finike.
Quatre personnes avaient décliné l’invitation avant que Raphaël y réponde!

(Note de Laurène : j'ai ajouté une petite fonction "read more", il faut cliquer dessus pour lire la suite!)


Nous sommes donc aux portes du pays, chargés comme des mules, certains qu’il nous en coûtera plus en supplément qu’en billet d’avion ; dans ces vols « low cost » rien n’est laissé au hasard : 20 Kg par personne plus un bagage à main (non pesé heureusement).
En fait, la gentillesse d’un professeur d’art plastique retraité voyageant avec un maillot de bain en guise de valise nous permettra de passer la totalité de nos bagages sans supplément, soit 105 Kg au total ! Essentiellement de l’outillage, mais aussi de l’électronique complexe : GPS, balise, sondeur, VHF, ordinateur portable, …bref de quoi fabriquer une petite bombe qui, une fois de plus, ne nous pose aucun problème. poste de fouille ??

Un chauffeur de taxi nous attend avec une pancarte « Goudrome » sous les 30° d’Antalya, les deux heures de route pour Finike sont parsemées de dégustations locales à bord. Le chauffeur nous offre de l’eau, des gâteaux, des fruits, des amandes et nous dépose finalement au ponton au bout duquel se trouve le tant convoité « Goudrome ».

Jean-René (le propriétaire que l’on ne remerciera jamais assez) a soigneusement désarmé et protégé les parties sensibles, sa dernière sortie date aujourd’hui de plus de deux ans !
Comme il me l’avait indiqué lors de nos nombreux rendez-vous parisien, je commence par sortir le vélo, la bonbonne de gaz, les caillebotis du cockpit, etc
Tout est exactement tel qu’il le décrivait, je plonge la main dans tel trou pour ouvrir la vanne d’eau, branche l’électricité de pont pour charger les batteries respectivement trouvées à 7.4 et 9 volts. Le soleil se couche plus tôt sous ces latitudes.

La liste des travaux préparatoires est plus ou moins claire, du moins en théorie…
Nous commençons par la fouille des placards et cales pour établir un inventaire, le branchement du gaz et le lavage du pont qui ne servira a rien vu les averses orageuses qui tomberont deux jours durant.
Petite parenthèse nous autorisant une promenade au cœur de Finike, ou après quelques achats de produits locaux, je débusque un salon de coiffure d’un autre temps : le bâtiment ressemble à une cabane de promotion immobilière entièrement vitrée, fichée au milieu de rien ou plutôt entre un immeuble de quatre étages, un parking en terre battue et un chantier de construction.
Tout semble sortir des années 80, les Renault 12 et autres véhicules disparus chez nous, les fauteuils et accessoires et même la moustache du petit monsieur qui s’affaire à me rendre propre.
Il doit y avoir quelque chose dans cette situation qui pourrait compléter la définition de voyage, le petit sourire qui vient du ventre quand le visage recouvert de mousse à raser chaude, le barbier turc vous demande où on arrête la moustache ?

Le premier boulot consiste à riveter des échelons sur le mat pour faciliter l’accès en tête de mât (plus de 11 mètres), vient ensuite l’électricité qui s’avère plus compliquée que prévu !
En effet, Jean-René ne m’avait pas caché son trait de caractère africain (aussi en terme de bricolage) mais je ne m’attendais pas à tant de couleurs et de raccords primitifs. Il faudra quelques jours pour parcourir les kilomètres de fils qui alimentent les éclairages, instruments, etc

Vient ensuite la mise en route du vieux moteur diesel Yanmar « marabouté », comme toute chose à bord, ce moteur a une histoire et nécessite soin et sensibilité. Jean-René l’aurait acheté vers Singapour à un chinois si mes souvenirs sont bons mais je crois que les derniers soins furent prodigués par un mécanicien turc.
En tout cas je suis halluciné par les modifications permettant à ce dinosaure de 24 chevaux de fonctionner dans un espace prévu pour un 15 chevaux, bon ceci ne va pas sans labeur d’utilisation : une contremarche de l’escalier de descente a laissé place aux courroies et la pompe à eau dépasse à l’intérieur ! Les câbles d’arrêt et d’accélérateur sont reliés à des poulies et des manilles comme le sont les voiles ce qui limite les modifications de régime (en fait, l’utilisation est limitée à avant /arrière a un régime moyen…on va rigoler lors de la première sortie de port !).
Un autre détail, un coin en bois permet d’ajuster la tension de la courroie d’alternateur et, pour plus de cohérence, l’ensemble du moteur est posé sur un cadre en bois assemblé par des clous et serre-joints.
Voilà pour l’observation, mais le plus incroyable encore c’est qu’après quelques mouvements à la clé à molette à la main pour vérifier que rien ne coince, le moteur démarre au premier coup de clé.
Et comme chaque petite victoire sur le programme rime parfois avec peine, nous découvrons que la pompe à eau n’alimente pas le refroidissement…
Le démontage de la durite laisse apparaître une érosion fâcheuse qui aurait pu être réparée en atelier de soudure si le démontage de la pompe complète avait été sans surprise.
Maintenant tout se complique, les pales de la petite hélice sont rongées par le sel et l’une d’entre elles cassée a du bloquer l’ensemble.

On garde le moral, comme dit Jean-René, « Un voilier fonctionne à la voile, on étale pas une tempête au moteur, le moteur ne sert qu’à manœuvrer au port »
Pour ce qui est de la pompe, impossible de trouver la pièce qui n’est plus référencée, la référence la plus proche apparaissant dans la catégorie tracteur agricole ?

A présent, je pense qu’on est entré dans la phase travaux, les choses se compliquent aussi du côté électricité et nos compétences ne suffisent plus pour raccorder la VHF ASN au GPS permettant ainsi d’identifier la position du navire lors d’un appel de détresse.
La marina regorge de service en tout genre, c’est donc très facilement que nous nous entourons d’un électricien, Jean-René m’avait dressé le portrait d’un gars en mobylette, il s’avère qu’il est mort l’an dernier d’un arrêt cardiaque, notre individu est donc son fils ; il parle pas mal anglais et semble comprendre vite l’installation.
La situation est drôle, notre électricien a le bras droit dans le plâtre, son second est surnommé contact et le troisième est un jeune qui se fait réprimander à tout bout de chant et fonce en vélo je ne sais où dès qu’il manque une pièce.
Ils resterons avec nous jusqu’à la tombée de la nuit, et même au-delà de l’heure de la rupture (nous sommes à huit jours de la fin du Ramadan) et accepterons de partager un repas franco-turc : pâtes aux oignons, tomates, aubergines, haricots rouges, petits piments et trois variétés d’olives servies avec une omelette.

La saison avance, même si le soleil est au top, 28 degrés en moyenne et donc quelques degrés supplémentaires à bord (34 degrés) ! Rude conditions pour bosser, on se voit littéralement fondre.

La marina de Finike est un havre de paix clôturé de toutes parts, les centaines de voiliers magnifiques, rutilants se vident au même rythme que les avions se remplissent pour l’Allemagne, la grande majorité des gens ici sont des retraités fortunés qui considèrent le bateau comme une caravane à option. Herbert, un allemand plus très jeune qui a le temps de discuter et qui aime ça ne répond en rien à l’image précédente, c’est le seul gars que l’on croise à 6h du matin en allant se baigner, il est toujours en promenade sur son petit vélo rouillé.
C’est drôle mais c’est évidemment un ami de Jean-René, « le clochard n° 1 », Jean-René étant le second (c’est tout à son honneur !).
Son voilier Victoria se trouve à deux pontons de Goudrome et à quelques années lumière du genre moyen ici, il est au même titre que notre embarcation un exemple de système D où le vocabulaire est plus à la ficelle et aux petites poulies qu’aux inox et à l’électronique moderne.
Herbert accepte de nous accompagner pour la première sortie, pas de date prévue… »



5 commentaires:

  1. étant indirectement protagoniste de cette histoire
    je tiens ici à vs saluer et vs dire mon admiration
    et félicitations
    alea jacta est!

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  2. Bravo à vous et bon courage!

    Alain (Vieil Ours sur Hisse et Oh

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  3. Eh bien voilà un voyage qui commence bien ,j'ai l'impression! Et en plus, le cap'tain Devaux est parti avec sa plume inspirée, comme à son habitude! Je crois que ce blog sera ma petite soupape d'ailleurs durant tout votre voyage! Je vous embrasse bien les marins!
    Bon vent!

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  4. En esperant que tu me pardonneras de n'être pas venu t'aider à dégriper ton moteur, à mettre le nez dans l'électricité, à faire parti des fameux "quatres" qui ont décliné ton invitation, je te souhaite bon vent et plein de courage.
    Maintenant que tu es partis le plus gros est fait.

    Nolwenn

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  5. BONJOUR GOODRHUM JE SUIS LE FRANCAIS QUI T A CROISE A VALLETTA J ESPERE QUE TOUT VA BIEN POUR VOUS JE REPART EN MER JEUDI MAIS JE VAIS M ARRANGER OUR SUIVRE VOS AVENTURES BON VENT MICHEL ET NATHALIE

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