mardi 29 septembre 2009

Finike (Turquie) -Kato Zakros (Grèce)






Seize heures, le 21 septembre 2009, c’est l’automne !Au bout des amarres que nous larguons à Finike, trois visages s’impriment à jamais dans nos mémoires.
Herbert, un légionnaire tatoué suisse-allemand et un pianiste médecin franco-russe rencontré la veille, chacun apportant un témoignage éclairé et touchant sur la vie en mer.
Le dernier nous offre une lampe flash que nous porterons à tour de rôle pour les veilles nocturnes.
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J’annonce notre départ à la VHF mais Umit, le responsable de la marina n’y donne pas suite…
Il garde sans doute un goût amer de la petite entourloupe du jour : les formalités administratives devaient nous coûter quarante Turkish Lira (vingt euros) et autant aux deux autres navires israélien sur le départ du jour simplement pour dorer les fonctionnaires et lui-même.
Le principe semblait pourtant bien au point mais je ne me suis pas gêné pour refuser simplement au moment où la demande s’est précisée.
Chronologiquement, nous passons au bureau de police, ensuite au bureau de douane et enfin chez le « Harbour Master » qui fait sonner l’addition.
Le seul souci c’est qu’au moment où il m’en annonce la couleur, les tampons divers et variés sont déjà biens secs sur les passeports et autres documents (ils tapent nos noms et prénoms en faisant deux fautes de frappes par mot et ceci dure plus d’un quart d’heure !), et le montant qu’il me réclame ne correspond pas à celui prévu par Umit…
Je refuse donc et le type se met à suer en sautant sur son téléphone pour demander à Umit ce qu’on s’était dit.
Plus tard, je passerai voir cet Umit pour lui exprimer mes vœux de succès pour la suite et surtout, mon sentiment sur la corruption, il s’enfonce dans son fauteuil.

Nous sortons toute la toile pour longer la côte abritée vers Kekova et Ipsili au large de Kas, la pointe sud en allant vers L’ouest.
La nuit noire tombe vite, c’est sur mer calme que nous entamons la première nuit en nous traînant à deux nœuds cinq de moyenne entourés de petits feux provenants des côtes et des petits bateaux de pêche.
Vers trois heures du matin, Raphaël m’éveille pour le relais, je contrôle la tension des batteries et le rejoins dans le cockpit, une brume épaisse efface l’horizon.
Nous contemplons avec fierté notre petite girouette éclairée par le feu de navigation vert rouge en tête de mat quand une énorme embarcation apparaît d’un coup à seulement quelques centaines de mètres derrière nous à une vitesse difficile à estimer mais nettement supérieure à la nôtre, je fonce allumer le moteur car nous ne sommes pas manoeuvrant et nous abandonnons notre cap pour sortir de cette situation dangereuse.

De l’aube au crépuscule, le 22 septembre est un jour sans vent. Nous subissons le roulis qui produit un bruit infernal en faisant fasseyer les voiles et la chaleur en laissant à la barre le très utile pilote automatique tant il est difficile de tenir un cap sans vent ou presque.
Après trois heures de nuit noire dans ces conditions inchangées, le vent se lève ; on imagine la mer sans la voir, par le son et les sensations.
Pendant le quart de Raphaël, les feux de navigations se coupent faute de batterie, notre pilote est gourmand, on se méfiera à l’avenir !
A ce petit problème vient s’ajouter un autre souci, en plaçant le commutateur de batterie sur « Both » (batterie moteur et batterie de servitude ensemble) après avoir essuyé un échec de démarrage moteur sur la batterie prévue à cet effet, rien, pas assez de jus !

A 4h15 du matin, ( le 23 septembre) nous prenons un ris et rentrons une bonne partie du génois, Goudrome avance maintenant sous le contrôle du régulateur d’allure ( il tient parfaitement le près bon plein dès que ça souffle bien) à plus de cinq nœuds.
Plus nous allons au sud, plus le vent monte et donc notre vitesse, au large de Karpathos alors que nous pensions être protégés le vent monte encore !
Pas de speedomètre ni instrument pour mesurer la force du vent, j’imagine que nous avons plus de 25 nœuds de vent réel vu la vitesse à laquelle nous avançons selon le GPS (il établi une moyenne entre les positions) qui affiche une moyenne de 7.5 nœuds et monte une fois jusqu’à 9.1 nœuds ???


La force du vent et des vagues qui écument nous imposent de porter le harnais et d’être vigilants lors des déplacements sur le pont trempé par les embruns, quelques petits événements nous forcent à contrôler l’ensemble de la mécanique du bateau.


Le carnaval commençait la veille avec une pièce de maintien de l’enrouleur trouvée par chance sur le pont avec son boulon, à priori elle tenait par habitude ou par maraboutage ??
Nous la reposons dans l’état en gardant un œil sur le serrage à l’avenir.
Il faudra au moins quatre bons yeux pour déceler la suite : le vit de mulet (pièce assemblant la bôme au mât) se décroche, la barre se disloque, les boulons s’envolent !
Puis le plus drôle, le presse étoupe qui fuit allègrement et remplit de flotte aromatisée gasoil les fonds de cales nous imposant d’écoper à quatre pattes et à la lampe frontale (et oui, on se garde une chance de pouvoir démarrer le moteur un jour en conservant toute la charge des panneaux solaires à cet effet !) l’équivalant de deux sceaux toutes les deux heures !!


La situation est à son comble, Raphaël, dont l’optimisme n’est pas la plus grande qualité (ce n’est rien de le dire), craque après la nuit du 24 (deuxième nuit entière sans lumières et aucune certitude de faire notre première approche par mer agitée au moteur).
Six heures du matin, alors que le jour et moi nous éveillons, une conversation s’impose !
Nous sommes fatigués et stressés tant par la météo que les événements, nous vidons nos sacs respectifs et nous calmons autour d’un café.
La terre approche, un coup de WD 40 par le filtre à air, un coup de démarreur et le moteur qui prend dénoue toutes nos angoisses !


Jean-René peut dormir tranquille, ces petites surprises traduisent uniquement notre manque d’expérience, la conclusion de cette première navigation est que goudrome est un super voilier de près, au comportement très stable et sécurisant.
Le régulateur d’allure nous aura épargné des heures de barre sans consommer la moindre énergie et le stock de matériel à bord nous aura toujours permis de remplacer l’écrou manquant!

2 commentaires:

  1. C'est peut-être pour cela qu'on apprend la voile sur des "optimistes", j'imagine-n'ayant jamais pratiqué-que ça doit être formateur!...
    Bon courage les gars, vous tenez le bon bout! (facile, mais je n'ai pas pu resister!)
    Bises de la terre ferme!
    Bertrand

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  2. C'est quand même fou tout ce qu'on fait faire aux membres lors des formations-recyclages du CNGS. Mais vous vous en êtes bien tirés!

    Bravo à tous et, comme l'a dit - un peu familièrement, ce qui n'est pas son habitude - le Président, bises de la terre ferme.

    Agent TV

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