mardi 29 septembre 2009

Kato Zakros- Rethimo






La baie de Kato Zakros est flanquée au Sud Est de la Crête et même si on la voyait comme un minuscule renfoncement sur notre carte au 1:193000 ème , nous découvrons une baie de sable fin bien abritée du Meltem soufflant Nord Ouest .
Le paysage est rocheux et à l’exception des quelques chambres d’hôtes pour touristes la montagne est désertique.
Nous plongeons pour vérifier notre première ligne de mouillage et emmenons la seconde ancre à l’aide de l’annexe qui nous indique déjà ses faiblesses, elle se dégonfle…

Un troisième équipier nous attend sur l’île, il nous indique qu’il est chargé comme une mule à Ierapetra, cinq heures lui seront nécessaire pour nous rejoindre.
Nous le retrouvons de nuit sur la plage non fiers de nous y rendre en annexe.

Enguerrand, comme nous, connaît le bateau et son propriétaire par coeur grâce à « j’ai même pas fait le tour du monde » qu’il est en train d’achever.

Notre petit déjeuner ne plait pas beaucoup au nouvel arrivant, à défaut de pain frais Raphaël et moi nous étions accommodés des gâteaux et galettes laissées à bord par JR en 2007 et périmées la même année.
Aussi, il s’interroge sur la qualité de l’eau.
En fait, le dépôt laissé dans les cuves confère à l’eau une douce couleur marron qui ne nous dérange plus, ce qui nous dérange ce sont les auréoles de gasoil dans le café provenant de notre seule éponge à vaisselle…
Ce matin là, nous redécouvrons le luxe des toilettes conventionnelle (en mer chacun sa méthode, Raphaël s’est fait un petit espace sceau dans ce qui était une toilette avant qu’elles ne soient remplacées par des bidons de fuel, pour ma part je m’exécute par-dessus bord). L’accueillante « taverna » sur la plage accepte aussi de nous vendre du pain et de nous remplir des bidons d’eau.

Au rayon des qualités, Raphaël est incroyablement actif, il s’affaire dès qu’il peut à gauche à droite, bon bricoleur, il trouve toujours un truc à fabriquer (sa dernière fabrication à bord est un stick de barre maison qui en est à sa troisième phase d’évolution) .
Le truc du jour, cela doit venir de son côté sauvage, quand Enguerrand attire le poisson par hasard en jetant les miettes de pain à la mer, Raphaël bondit sur le fusil pour débusquer deux beaux poissons à bout de chant.
Il faut l’arrêter dans son élan couronné de succès pour larguer les amarres, direction Kouremenos, un petit port de pêche un poil plus au Nord.

Trois petites heures, première navigation idéale pour Enguerrand, un vent de Sud Est nous permet de faire une expérience en vent arrière ; nous installons les voiles en ciseaux, le tangon du spinnaker maintenant le génois à l’extérieur, c’est beau !
La baie de Kouremenos est difficile à percevoir à cette heure du jour, les petits îlots se superposent selon le point de vue, des rochers à fleur d’eau, une épave et des hauts fonds m’inquiètent.
Le tirant d’eau de goudrome est de 1,70m, nous allons quand même jusqu’au minuscule port de pêche au bout de la baie dans l’espoir de pouvoir faire le plein d’eau.
Une fois sur place, la manœuvre est délicate et les fonds sont très clairs (c’est un peu juste), nous mouillerons donc beaucoup plus au large, en toute sécurité.

Intrigués par la petite et unique « Taverna » du coin, nous repartons en annexe pour passer une super soirée parmi les locaux avec au menu « greek salad » et « souvlaki »(brochettes de porc ) et pommes sautées.
Contrairement à notre première impression, l’attitude des gens sur place évolue vers un accueil qui nous surprend !
Chaque tournée de Mythos est l’occasion de découvrir le fromage du coin sous toutes ces formes, tant ils aiment nous régaler. Ils nous offriront quelques variétés de salades, saucisse au barbecue, bière et nous feront même un sac contenant le nécessaire pour faire notre salade du lendemain.
Dans cette atmosphère inattendue, bercés par une douce musique traditionnelle et par l’alcool dont j’avais presque oublié les effets, nous invitons à notre table un allemand arrivé depuis peu, il est seul et vit dans une fourgonnette aménagée.
Ce type nous raconte ses aventures et nous parle des vents qu’il connaît bien, et nous éclaire ainsi sur la force que l’on a pu rencontrer à Karpathos où se trouve une baie « la devil’s bay » dans le jargon des mordus de planche à voile.
C’est une fois de plus un hasard qui nous sauve puisque ce Ralpht passionné de vent nous donnera les prévisions météo pour les trois jours !


Le lendemain, le 26 septembre, nous armons pour Rethimno (ancienne capitale de l’île), située au Nord Ouest, nous contournerons donc la crête par le Nord, prêts pour une nouvelle longue navigation, environ 140miles nautiques.
Réveil difficile, 7h au lieu des 6h prévues, nous plongeons avant le petit déjeuner pour enfin ouvrir les yeux (la fin de soirée était arrosée par notre windsurfer de Raki, la grappa nationale).
Celle-ci est certainement la cause du mal de mer dont est victime Enguerrand vers 20h alors qu’il prépare des petits toasts, façon salade grecque.
Il est vrai que cette journée n’a pas été couronnée par le vent et dans ce cas là, le bateau roule… mais comme disent les marins, dont JR évidemment « bon rouleur, bon marcheur ! »
En tout cas, Enguerrand, lui, ne marche plus, ne mange plus et ne boit plus, il se dessèche lentement et en silence dans la cabine centrale…
Il prendra courageusement son quart de nuit trois heures durant en indiquant dans le journal de bord, outre les habituelles informations (direction et force du vent, état de la mer, allure, cap, tendance baromètre, position) ,dans la colonne observations, évènements « vomi par-dessus bord 7h15.

Le 27 septembre, nous sommes fatigués, le moteur est tombé en panne sèche à 2h10, j’ai essayé en vain de réamorcer mais comme tout à bord, il n’y a plus de pompe à gasoil, le réservoir de cale n’est plus en fonction et est donc remplacé par un réservoir en plastique posé sur une étagère plus haut que le moteur…
Le vent s’installe et lève une grosse houle qui nous empêche de dormir et qui n’améliore en rien l’état du malade à bord !
Pour le réamorçage du moteur un truc m’échappe, heureusement, Enguerrand m’a ramené mon téléphone portable et en appelant Jean René, le mystère est percé en deux minutes, merci JR ma compréhension des moteurs diesel évolue (je vais peut-être finir par m’y attacher).

L’entrée au port de nuit, relativement remarquable sur la côte ou on a du mal à distinguer un feu sur les mille lueurs aveuglantes ne me met pas à l’aise vu la fatigue (j’ai à peine dormi 3h) et l’état de la mer.
Le vent de Nord Ouest cumulé à la houle nous poussent trop vite à mon goût, nous nous laissons porter par une énorme vague jusqu’à la bouée verte pour la virer plein gaz et entrer dans le port tribord ou l’on retrouve enfin le calme.
Enguerrand apparaît enfin et il n’est pas de trop pour réussir la manœuvre délicate de l’amarrage avec l’ancre à l’avant et deux aussières à l’arrière.
Trois fantômes débarquent…

1 commentaire:

  1. le fait que vs soyez partis en moins de 10 jours de prépa fait que ces petites choses arrivent, je pense aux boulons etc...
    quand à l'eau marron il s'agit du sable du soudan de 2001, mais on n'a pas eu le temps d'en parler...
    bon vent bonne mer
    jrc

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