mercredi 6 janvier 2010

Lanzarote - Gran Canaria








Bonjour à tous et toutes,
Pour commencer et parce que l’usage veut que l’on s’échange des pensées positives pour célébrer le passage à l’année nouvelle, nous vous souhaitons tous nos vœux de bonheur pour 2010.Au sens large du terme : nous entendons la satisfaction simple, obtenue après avoir accompli une mission minuscule, ou atteint un objectif.

Je pense en exprimant cette pensée à un exemple frais et concret, il s’agit d’un couteau que nous avions reçu par Chantal (la grand-mère de Laurène) lors d’une visite au Cap d’Antibes…La petite histoire a voulu que ce couteau fasse partie des petites choses qui font le lien entre notre vie d’avant (la vie matérielle confortable où les objets qui nous entourent n’ont qu’une valeur relative vu le nombre et la futilité de la majorité d’entre-eux) et la vie que nous découvrons tous les jours, comme aujourd’hui.

Dans le tiroir à couvert du bateau, un objet n’avait pas encore été identifié jusqu’ici, en fait l’avions nous réellement considéré ?Non. Mais l’autre soir en faisant une chasse au cafard dans le quartier, nous nous retrouvions à nouveau face à ce truc en plastique rouge muni d’une poignée enfermant à son extrémité deux séries de rondelles rouillées. Et bien nous y sommes, le voilà le petit bonheur, il s’agit d’un outil pour affûter les couteaux (l’instinct de chasseur masculin doit établir un raccourci direct aux cellules du bien-être ??).Depuis, ce couteau et tous les autres d’ailleurs ont subi le même sort et me comblent de satisfaction.

En fait, cet exemple illustre à peu près ce que nous avons vécu ces dernières semaines sur Goudrome, des petits plaisirs et parfois des victoires obtenues en rayant ligne par ligne la longue liste (je ne dresse pas la liste technique ici mais je suis certain que des lecteurs fidèles comme mon père et Jean-René se grattent les cheveux) des indispensables et incontournables avant le départ.Bien amarrés dans cette « Marina Rubicon » de Lanzarote qui doit représenter le genre de paradis artificiel dont rêvent les touristes allemands retraités, nous avons réalisé ce que tout un chacun aurait fait dans son port d’origine. Après de longs mois d’observation à bord, nous étions informés de nombreux détails et points faibles à améliorer pour le confort et la sécurité.Evidemment, nous n’avons pas transformé ni modifié l’embarcation à la hauteur des espérances des personnes qui nous entouraient (la grande majorité des marins naviguent aujourd’hui sans cartes papiers et leur confiance repose d’avantage sur les instruments électroniques que sur le bon sens…le sens marin !).Nous avons donc préparé notre traversée à notre manière avec une fois de plus le soutien moral et le conseil juste de Jean-René qui nous ramène à des valeurs éprouvées.

Le résultat est, nous l’espérons, un équilibre entre le confort et la contrainte ; nous sommes à la fois loin d’être suréquipés et ne partons surtout pas sans autonomie. Notre meilleure sécurité sera le fruit de nos sens : la meilleure veille restera nos yeux, la meilleure survie restera d’être prêt et d’y croire !

Ce long séjour sur Lanzarote nous a aussi donné l’occasion d’approfondir des relations et de faire de nouvelles rencontres. C’est drôle mais nous étions une fois de plus les plus jeunes et donc les plus audacieux, les plus fous ?La jeunesse a cela de bon, c’est qu’en ignorant une partie du danger on prend plus de risque et on se repose sur notre volonté naïve (qui nous donne des ailes) plutôt que sur les longs récits qui alimentent les peurs.Nos aventures précédentes éveillent la curiosité et la compassion chez nos aînés, ici nos copains pourraient être nos parents, ils regorgent de conseils et d’expériences intéressantes mais aussi de principes. Là c’est moins fun !

Deux personnages méritent que j’en dresse le portrait : Louis et Maurice sur Kayok .Le premier, Louis est opticien retraité, un homme très calme et posé, qui fait une utilisation parfaite du proverbe qui dit qu’on a une bouche pour deux oreilles.Très à l’écoute, il analyse ce qu’on lui dit longuement avant de répondre avec une précision rare ! Ses conseils sont toujours émis avec réserve et sont les bienvenus.J’aime beaucoup l’ouverture d’esprit de Louis qui tend à penser que le voyage est un élément qui se révèle toujours autrement qu’escompté, le temps passé à faire des choses sans importance avec d’autres plutôt qu’un respect absolu du programme ! Le second, Maurice qui voyage aussi à bord de Kayok est le frère de Roselyne ( la compagne de Louis, une femme charmante), un médecin retraité et malheureusement lui-même malade à 70 ans à peine. Navigateur chevronné, il est aussi un brillant homme aux ressources inépuisables. Médecin de campagne apprécié, musicien, il ne manque pas de nous conter des anecdotes singulières ou de pousser la chansonnette au rythme que lui autorise son coeur!Je suis tellement admiratif des gens comme Maurice qui peuvent dire en toute objectivité qu’ils ont réussi leur vie.

L’avantage de cette aventure sur Goudrome, c’est que nous sommes maître à bord, loin de nous l’idée originale de partir en tant qu’équipier sur un « super maramu »!Cela aurait pu être un tout autre voyage, dans ce cas de figure notre cape de liberté aurait été retournée en tablier de bonne…

Les fêtes se sont donc passées en bonne compagnie et en toute simplicité, sur Goudrome pour Noël et dans un petit resto pour le réveillon du 31 décembre.Cette dernière soirée, dans un restaurant Canarien derrière la Playa Blanca restera un très bon souvenir !L’établissement, bondé à notre arrivée s’était vidé aussi rapidement que nos assiettes.Avant minuit, heure à laquelle la serveuse offrait chapeaux, masques, digestifs et cotillons… nous demeurions la seule table en activité pour le compte à rebours qui marquera un fou rire mémorable partagé jusqu’aux cuisines (où nous embrassions l’ensemble du personnel).C’est que la scène était hilarante, les ballons et trompettes en carton ont libéré l’enfance qui sommeillait aux quatre coins de la table, puis de la pièce.

Pour Laurène et moi, l’année commençait dans l’insouciance et dans le coffre d’une petite voiture dans laquelle nous tenions à 7, en direction du bar du port où nous étions attendus pour arroser une dernière fois l’année écoulée.Le spectacle y était parfait et tellement exotique : des jeunes, des vieux, des tongs et des robes de soirée. L’ivresse et la musique effacent tout et puis les vieux bedonnant qui dansent avec les putes à moitié dévêtues, dans un coin nous rebâtissons en légèreté le monde de 2010 …

Bon, les fêtes consommées puis la liste qui n’a plus pour étage que le rez-de-chaussée sont deux raisons suffisantes de quitter ce beau monde.Les colis ne sont pas tous arrivés à bon port, deux d’entre eux (sur quatre) seront repartis chez l’expéditeur ! Nos promenades autour de l’île correspondent finalement plus à nos besoins d’avitaillement et de chantier qu’à un appétit de découvertes prisées comme étreindre le dos des chameaux ou les fauteuils des bus climatisés qui sont malheureusement le seul moyen d’accéder à la réserve où se trouvent les volcans, …La plage de Papagayo découverte en vélo reste un décor magique et sauvage qui nous contentera, la terre de cette île sélectionne ses habitants végétaux pour un grand combat au bout duquel elle offre une grande et improbable diversité !

Le 04 janvier 2010, le vent est favorable ou presque…Nous sommes plus prêt que jamais et pourtant plus angoissés que d’habitude alors que la navigation pour Las Palmas de Gran Canaria représente 24 H à peine.Nos amis Cliff et Suzie, un couple d’anglais sur Snapper nous saluent et nous donnent la température au retour d’une courte navigation à l’extérieur.Rafales à 30 noeuds et mer agitée…En guise de cadeau de départ ils nous offrent aussi des couvertures polaires pour les nuits de quart.

A peine le nez dehors, nous dégustons !
Cette sortie nous fait l’effet d’un Coca-Cola avalé trop vite, quand on a l’impression d’avoir les bulles jusque dans les yeux !Cela nous rafraîchi la mémoire, la mer c’est dur !Personnellement je vis ce départ comme le premier vrai départ en mer avec Fred sur Harmattan (nous virions la dernière bouée Ouest en direction des îles Silly quand un marin en direction du port nous faisait signe que la mer était bien formée), pareil on a dégusté !

Nous hissons la grand voile en prenant un ris d’emblée et ne sortons qu’une partie du génois.Les prévisions vérifiée jusqu’au matin même confirmaient que le vent de secteur ouest-nord-ouest adonnerait (virerait dans les heures à venir à notre avantage).On avait que trop peu parlé de la houle, pas belle !Bref, Laurène a du perdre plus d’un kilo en rendant à douze reprises un tas de choses que son organisme refusait, et en avalant rien de nouveau !Je n’étais pas fier non plus mais pas le choix, Goudrome est lancé plein pot comme un taureau mécanique de rodéo, il faut sans cesse régler les voiles pour tenir le cap et gérer ses points d’attaches pour rester en selle !
Gloups, dans ces moments là les pensées sont totalement variables…On a une tendance à divaguer et à chercher ce que l’on possède de plus confortable en magasin et en général vous êtes là : la famille, les amis avec ces doux moments partagés.Le cerveau est surprenant tant il est capable de vous restituer des instants précis de l’enfance à hier sans s’emmêler les pinceaux !On se faisait la réflexion quelques semaines plus tôt, surpris Laurène et moi, du temps consacré lors des plages de quart (et donc de solitude absolue) à reconstituer l’ensemble des émotions et des rapports humains dans leur complexité !

Nous n’avons pas pu remettre de toile, le vent n’a pas faibli, le bateau non plus…Les paquets de mer pénétrant dans le cockpit nous ont épuisés.L’arrivée dans le grand port de la Luz s’est déroulée sans encombre, on pourrait presque être fier de nos manœuvres.Nous y découvrons une flotte très internationale et variée prête au grand départ, le ponton S est bondé comme les autres ; chargé de vie et de couleurs !
Nous appareillerons pour le Cap Vert dans deux jours (vendredi), à très bientôt !

8 commentaires:

  1. toujours aussi sympa de vous lire, on a vraiment l'impression d'être du voyage.

    Puisque c'est la tratidion je vous souhaite 15noeuds et du soleil sur une mer plate.

    yann de lyon

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  2. idem 15nds, soleil et belle mer
    partir un vendredi pourquoi pas
    c'est tjrs dur de naviguer entre les iles
    au cap vert, il fera plus chaud
    jrc

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  3. Pour nous aussi le temps est agité ,neige et froid,à chacun sa dépression.....la notre vient de finlande .Bonne année et beau soleil pour la suite
    FLO

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  4. Bonjour à tous les deux, je vous souhaite une excellente année 2010. Plein de bon vent.
    Ici tout suit son chemin. Nous sommes difusés le 12 donc tu pourras voir l'émission sur le site internet de la chaîne dès le lendemain si tu veux voir quels chantiers Ludo a dû affronter.
    A très vite.
    Biz à vous deux.
    Aude

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  5. toujours sympa les commentaires
    pour info ,d'après ton tonton titi qui tient cela des frères Pajot,les bananes c'est top !!! Quand on a le mal de mer ,elles sont aussi faciles à avaler qu'à......repartir !!!! Bon courage ma Laurène !! bisous olivia

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  6. je confirme : les bananes sont ce qu'il y a de mieux !

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  7. coucou les petits loups de mer titi et Nicole vous souhaitent Une tres tres bonne et heureuse année avec Soleil calme Petit alize
    chaud mer belle et pas trop de bananes
    Le rêve! Plein de gros bisous

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  8. je n'arrive tjrs pas à envoyer mon mail, donc 10e essais!! je pense à toi, etje lis avec plaisir les commentaires je voyage avec vous, bravo Laurene pour ton courage, mais super souvenirs
    pleins de bisous Michele and co

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