mercredi 18 novembre 2009

Cagliari (Sardaigne)- Carthagène (Espagne)





Cagliari - Cartagene

Le 12 novembre 2009 à 9h

Sur le ponton de la marina de Sant Elmo, Andrew et Josy du voilier Volare, nous font des adieux touchants. Nous avions dîner ensembles la veille, une très agréable soirée.


Le baromètre est à 1014, grand soleil, sur la mer nous redécouvrons l'été (on n'y croyait plus!) . Le vent, timide et changeant au départ s'installera secteur SW force 3 la nuit. Le régulateur d'allure tient parfaitement le travers, la nuit sans lune d'un noir profond nous offre un spectacle inouï, elle met en relief des milliers d'étoiles qui se confondent avec le scintillement du plancton phosphorescent remué par la carène. Elle est très humide aussi, nous passons nos quarts installés confortablement dans le carré pour sortir faire un tour d'horizon à intervalles réguliers (entre 15 et 30 minutes, selon le trafic). Nous passons en revue les aventures d'Arthaud, Kersauson et autres Moitessier dont on nous a fait cadeau avant de partir. à l'aube, la petite "isola san pietro", petit grain de terre à l'extrême ouest de la Sardaigne a complètement disparue.



Le large, la liberté avec pour seul exercice de maintenir le cap à 260°, toujours vers l'ouest en tenant compte des vents à venir et de leurs directions. Les journées filent même si en mer un jour fait 24h et non pas 12 ! Les mouvements du soleil ne font que rythmer notre croisière. L'épisode du lever du soleil, en plus d'être toujours aussi surprenant vu à 360° de notre embarcation, signifie passage aux heures sèches et aux activités à deux. On ne se prive de rien, nous avons à bord de quoi dresser une carte des menus méditerranéens illimitée tant nous possédons de bons produits Turcs, Grecs, Siciliens, Italiens... et même des bonnes céréales propres aux Anglais, dégottés à Malte par Laurène...


à bord, pas de réfrigérateur, donc le frais demande de l'organisation : le beurre est en pot et se conserve très bien, les légumes sont accrochés en chapelet dans des bas nylon, le poisson pêché est consommé dans l'heure. Sinon les filets proprement découpés marinent dans le jus de citron jusqu'au lendemain.

Au palmarès pour cette semaine, 3 lignes à l'eau et trois prises !

Une belle daurade coryphène, et 2 belles bonites dont une m'échappe des mains une fois détachée sur le pont. La seconde (qui est peut-être un thon blanc germon vu son poids, mes deux mains n'en faisaient pas le tour) a amplement suffit pour boucler notre programme gastronomique.

(Petit clin d'œil à Fred : Mr Lepoutre, j'ai acquis le même rapala que celui que tu avais et suis ravi de son comportement. Comme nous l'avions lu sur l'emballage : "XRAP MAGNUM, plonge a grande profondeur avec une nage très agressive. Le roulement à billes déclenche les attaques les plus violentes, c'est le leurre ultime pour la pêche en mer." Je confirme religieusement)

Nous avons aussi acquis une mitraillette à maquereaux, mais n'avons encore rien tiré.


Au rayon des poissons, dans les grands modèles, nous observons quelques dauphins venus croiser notre chemin, et traversons, à deux reprises, précisément au moment où nous traversons le méridien de Greenwich, des groupes d'individus que nous reconnaitrons comme des globicéphales noirs. La taille de l'aileron et la forme écrasée du nez sont des signes distinctifs, ces mammifères mesurent environ 6 mètres et se déplacent en groupe de 10. Ceux que nous avons vus avaient l'air de faire une migration lente vers l'est.

Nous faisons comme il se doit un appel de sécurité VHF pour signaler leur position, et direction. (la veille nous avions été prévenus de cette même manière, de la présence d'une baleine de 16 mètres à quelques miles au nord au large d'Ibiza)


Nous avions pris de bonnes prévisions météo pour trois et cinq jours, pour la suite nous avons improvisé.

- La technique numéro 1 est la suivante :

- Nous mettons le cap volontairement sur un cargo jusqu'à pouvoir lire son nom. Ensuite nous l'appelons à la VHF, "Taipan, Taipan, Taipan From Goudrome, can you read us?". Inévitablement le type se demande pourquoi nous sommes collés à lui en plein milieu du grand rien, et s'inquiète : "I hear you, what's the crap?" (littéralement, " je vous entend, quelle est la merde?") et finit par nous donner gentiment les prévisions pour le lendemain.

- Le lendemain, nous essayons la technique numéro 2, dans la mesure où nous ne croisons pas de cargos :

- "All ships, All ships, All ships, from Goudrome, we are looking for the forecast !" et là un un type nous répond en Français, il fait route depuis l'Algérie et doit se situer dans les mêmes latitudes.


Autant de bonnes choses qui réconcilient progressivement Laurène avec le plaisir de la navigation, auquel elle n'avait pas eu le droit jusqu'à présent. Chaque matin après mon bout de nuit, je la trouve allongée dans le cockpit face au lever du jour, son ipod sur les oreilles et son sourire qui rejoint ses écouteurs.


Il n'y a pas d'échelle pour le soleil, le vent lui était de force 2 à 4, 5 dans les rafales, jusqu'à la veille de notre arrivée lorsque le moteur a pris le relais pour un bout de nuit. Cela ne suffit pas à programmer notre arrivée au port avant la nuit, aussi nous préférons opter pour la sécurité et allonger un peu notre trajet en prenant le temps, pour arriver plutôt le lendemain matin.

Seul hic, nous nous trouvons en pleine nuit dans un rail de cargos, en provenance et en direction de Gibraltar, ce qui nous fait passer la nuit en charmante compagnie, et qui génère un peu de stress. Pris en sandwiches entre ces monstres, j'entends Laurène réciter sa petite prière "bassine rouge et tricot vert" (Babord= rouge et tribord=vert) pour ne pas se tromper dans le sens des lumières.

Ces lumières sont nos seules indications pour discerner le cap de nos ennemis.


Le septième et dernier jour se lève comme un rideau sur la "punta de la podadera". La côte est très en relief, elle se découpe d'abord comme une silhouette. Une légère brise de NW comble les voiles qui pleuraient depuis la veille. L'est est violet, puis rouge, parfois jaune-orangé, mais le soleil n'apparaît plus tard que trois doigts au dessus de l'horizon. Au son du sillage de Goudrome, qui passe les 600 miles pour cette dernière navigation, s'ajoute les résonnances des petits moteurs diesel des pêcheurs, dont on pouvait distinguer les feux depuis quelques heures.

La houle s'est étirée et la Méditerranée est à présent une peau dorée qui a la chair de poule.

J'ai dormi trois heures cette nuit, la curiosité anime tout mon être, comment sera l'accueil? Les gens? la ville? le mécano ?

A priori, la destination est enclavée dans une côte abrupte et donc sans plage, (et sans les désastres qui en résultent d'un point de vue architectural).


Il ne reste que 4 miles à parcourir avant de virer plein nord pour le repos au port . Toujours difficile d'imaginer manœuvrer dans une cage à poule alors que nous quittons un pré avec pour seule frontière l'horizon.

7 commentaires:

  1. cool moins de 6 jours c très bien...enfin et vs comment ca va lemoral??
    @+

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  2. Salut les marins!

    Bon, je vois que ça se déroule bien votre affaire!
    Je vous écris de Wasquehal où il fait beau et souffle une brise belge adoucie par le réchauffement climatique...du coup, j'ai tout fait au moteur ce matin, dans ma Mondéo qui parfume les routes de France! Voilà, ça y est, j'ai reservé un cargo de 20m3 pour ce week-end, et là, tel que vous ne me voyez pas, je suis dans les cartons pour 2 jours, en espérant y arriver!! Après, cap sud-est vers Orbais l'Abbaye!...Normalement, je n'ai que quelques heures de navigation, je vais prendre le rail A26 avec mon cargo!

    Bon allez hein! On se tient au courant! Combien? 15 noeuds, S-SW, ça va dis?

    Biz!

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  3. Cher Bertrand,
    C'est toujours avec une grande délectation que nous lisons tes commentaires. Surtout continue, on adore!
    Des bécots

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  4. Cher Bertrand,
    C'est toujours avec une grande délectation que nous lisons tes commentaires. Surtout continue, on adore!
    Des bécots

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  5. Essayez de vous acheter des bouteilles d'huile d'olive en espagne ainsi que du pain - a tremper dedans quand il sera rassit ou archimou !! - je vous trouve bien maigrichons ...
    Je continue a avoir la nausee en vous lisant .. c'est signe que votre prose est superbe et captivante !! Quel bonheur de savoir goodrum en bon etat de marche !!
    Bon courage et continuez a nous faire rever ...
    Mille bisous de steph ... la vieille chinoise

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  6. olivia ta cousine !!!!!!!!20 novembre 2009 à 15:41

    bravo les petits loups de mer
    juste pour info la vrai "citation " est :"Ba ci rouge et tri co noir "pour babord cylindre rouge et tribord cône noir !! de cette manière tu as les couleurs et les formes des bouées pour l'entrée dans le port . Mais il est vrai qu'avec le temps le noir est devenu vert et les bouées sont de même forme !!
    bonne route , nous à Bordeaux nous surfons sur les vagues grippe A, laryngite ,rhinite et autres petites bêtes à poil
    gros bisous à tous les 2

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  7. salut
    comment vas tu laurene? mieux j"espère
    et toi xa la patate ?
    la météo change par ici alors je stresse pour vous
    j'imagine que le bateau est sous CTRL maintenant.
    vous ne manquez de rien? si on peut vous faire parvenir qqch demandez? les enfants sont heureux de voir vos photos
    bisous

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