mercredi 25 novembre 2009

Carthagène (Espagne) - Gibraltar (Royaume-uni)











Mercredi 25 novembre 2009

Encore un départ, mais un départ différent. Nous ne laissons personne sur le quai, (à l'exception des suédoises du voilier Elida, qui nous avaient invités à visiter leur "voilier-église" de 40 mètres de long ! ça ne s'invente pas : www.elida.se )

Cette fois nous partons avec les rencontres de port : Alain et Danielle (sur Moultipass, un catamaran de 14 mètres) Louis et Jocelyne (sur Cayok, un ovni en aluminium) et les derniers que nous ne voyons pas à la sortie du port vers 21h : Brice et Alice, Joshua et Tristan, leurs enfants et Pacotille et Marron leurs deux border-collie, ( à bord d'Aotearoa)

Nous quittons Carthagène à cette heure, car le vent passera secteur Est vers 22h (et ce pour 48 heures seulement). Dans les faits, les vents varient, il faut juste avoir l'œil et les oreilles en veille attentive pour adapter le plan de voilure. A l'aube, nos amis se fondent dans l'horizon. Nous avons bon espoir de tenir la cadence car nous sommes les seuls à pouvoir arborer un spi. Il faut dire que Goudrome a une garde robe bien achalandée : 2 grand voiles, 2 foc, 1 trinquette et 2 spi !

Le spinnaker, c'est une voile très légère (en "toile de parachute", en fait du nylon, ce qui lui confère une certaine élasticité). Elle se place à l'avant sur un tangon (une bras en alu assemblé à la perpendiculaire du mât).
Le spi est envoyé aux allures portantes et permet, de par sa légèreté, d'emprisonner même une légère brise. C'est aussi la seule voile colorée du gréement. Beaucoup de marins oublient le spi dans les cales, car l'opération est un peu technique et peut se solder par un échec cuisant (tout s'enroule autour de l'étai par exemple, ou mieux tout finit à l'eau !). Avec un peu d'expérience, on ne laisse plus rien au hasard, chaque manœuvre passe au bon endroit et tout se fait dans l'ordre; maintenant on arrive même à l'envoyer la nuit.

On s'est donné des rancards avec les 2 premiers sur le canal 69 pour faire des points à heures fixes. Les vacations radio se déroulent parfaitement. Louis a un Irridium et nous confirme les prévisions espagnoles que je prend aux heures paires sur le canal 16. Je suis surpris de la portée de la VHF, au point de midi, ils ont près de 45 miles d'avance et je les entend "haut et clair" ! (On ne s'est pas emm... pour rien, Raphaël !)

Cette nuit, la troisième de cette navigation vers Gibraltar, Laurène ou plutôt le vacarme qu'elle produit m'éveille en sursaut... le moteur s'est arrêté. Je met ma frontale sur les yeux, les lunettes sur le front, heu... non, l'inverse!
Je vérifie le journalier du gasoil, et pose dix questions sur l'événement. Laurène avait pourtant vérifié l'écoulement de l'eau via l'échappement lors de la veille précédente, mais la fois suivante, elle note que ça fume et tente d'actionner le levier vers le point mort...Trop tard, le moteur s'arrête?

Capot ouvert, j'ausculte l'engin jusque sous ses ongles, le remet en marche, ça fume ! Il y a de l'huile, le refroidissement fonctionne en sortie de pompe et à l'échappement, c'est quoi cette nouvelle panne ? On y verra plus clair une fois le moteur froid et de jour.

Le heures passent comme Goudrome entre les cargos. L'idée de faire une arrivée à Gibraltar sans moteur ne m'enchante pas vraiment, surtout que nous n'avons aucun document pour l'atterissage. La carte de 1974, au 1/674 000 ème manque cruellement de détails. Nous avons le détail de la pointe Europa, et de la partie Ouest de la baie, les marées et courants, mais le mouillage d'Algeciras est sur la flan Est... Heureusement, Alain nous indique un point GPS, au Sud du port d'Algeciras.

Inquiet, je m'éveille à 8h30, quatre heures de sommeil c'est court... il y a de plus en plus de monde, le rocher de Gibraltar se détache nettement, il ne ressemble pas à un cargo. J'avale un thé et un fruit avant d'enfiler les combinaisons (re-merci Florence) et de m'attacher un bout en bandouillère. La mer est noire, Laurène a vu trois fois des dauphins cette nuit. Hier nous avions observé une tortue géante, et trois globicéphales. Bon, je n'ai pas le choix, il faut plonger dans ce bassin.
Après toutes les vérifications possibles, il ne reste qu'à voir l'hélice. Hourra!!!
En quelques minutes, sans penser aux abysses et leurs habitants, je découpe les morceaux de filets de pêche enroulés sur l'arbre.
C'est "presque reparti"...Deux longues heures de bricolage pour assurer une patte cassée, on borde le génois et la grand voile, et on y va plein pot voile et moteur pour prendre à temps le tapis roulant.

Le détroit est l'écluse entre l'Atlantique et la Méditerranée. Il ne faut pas se manquer sur les paramètres vent/courant. Evidemment on a pris du retard cette nuit et tous nos savants calculs s'évaporent. Le vent se lève d'un coup et passe de 0 à 25 nœuds en moins d'une heure, dernier clin d'œil de Méditerranée? Nous voilà à deux doigts du "point Europe", le vent en plein dans le nez.
Notre intention était finalement de dépasser Gibraltar et d'atteindre Tarifa un peu plus à l'Ouest avant la nuit. Mais la pression monte avec le vent et la mer agitée; les cargos, les embruns, le canal 16 qui ne sait plus ce qu'est le silence et le moteur qui chauffe. Chaque bord tiré rallonge notre route et notre peine. Nous abattons finalement et entrons dans la baie de Gibraltar, un vrai parking à cargos.
Le premier port est plein, nous trouverons notre "bonheur" au suivant, la Marina Bay où un anglais nous attend sur le ponton flottant dépourvu d'eau et d'électricité. Pour nous en tous cas c'est toujours mieux que mouiller au pied des usines pétro-chimiques d'Algeciras, que nos amis ont fuit, ou au bout d'une piste d'atterissage.

Voilà, Gibraltar n'est pas venu à nous, nous sommes allés le chercher!! La boucle est bouclée, Goudrome peut être fier ce 25 novembre 2009. Il achève aujourd'hui son tour du monde. (clin d'œil à JR, il est encore temps pour ceux qui ne l'ont pas fait, de lire "j'ai même pas fait le tour du monde")

Pour Raphaël, pour Laurène et pour moi, c'est une étape incroyable, plus encore que la traversée de l'Atlantique ! Ce sont 38 jours de mer, et environ 2500 miles nautiques (soit 5000 kilomètres) à la vitesse moyenne d'un bon marcheur. On a jamais baissé les bras, on a toujours hissé les voiles !

3 commentaires:

  1. je suis très content de vs savoir à Gib, bonne continuation, bon vent bonne mer ;o))
    JR

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  2. je confirme , une combi de plongée , c'est sur un bateau pas dans un placard de st ouen.
    Je garde un souvenir de plongée à Pâques dans une eau à 13°(sans combi) pour chercher un bout.Trés dur!1 heure aprés mes dents jouaient encore des castagnettes!!!!

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  3. haha! you mentioned us on the blog - nous sommes honorés! =)
    je suis surpris que je comprends plus de votre blog que je m'attendais.
    I've been thinking a lot about you, hoping you're doing fine on your journey.
    I hope we'll see you again some time! take care!
    /Karin, de la voilier Elida

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