mercredi 25 novembre 2009

Juste une question de point de vue...

Je lis le livre de Beate Kammler, "Viens faire le tour du monde sur mon joli voilier", que j'ai troqué contre quelques autres livres à Alice du voilier Aotearoa, et je ris. Beaucoup. Toute femme qui voudrait partir pour un idyllique voyage en voilier devrait l'avoir lu au préalable.
La pauvre fille a été encore moins avertie que moi quand aux "plaisirs" de la navigation. Je savais à peu près à quoi m'attendre pour avoir un peu navigué avant de me lancer, mais j'ignorais heureusement beaucoup de choses qui m'auraient peut-être freinée dans mon enthousiasme si j'en avais eu connaissance avant.

En parlant avec d'autres femmes des autres bateaux que nous rencontrons, (et surtout grâce à mes lectures) je me rend compte qu'il faut surtout beaucoup d'amour pour suivre son homme dans un tel projet.
Beate le dit d'ailleurs très bien : "Pas un livre de navigation autour du monde ne m'a encore dit la vérité sur la vie quotidienne à bord. Cela n'est pas étonnant car ils ont tous été écrits pas des hommes!".


à bord il faut un peu d'organisation, et de la persevérance pour arriver à ses fins. Tous les gestes du quotidien terrien sont à revoir ici, et même les plus simples peuvent prendre des tournures dramatiques sans un peu d'agilité.
Par exemple, faire des crêpes. C'est une bien bonne idée pour réveiller Xavier en douceur, je n'ai pas forcément besoin de lait, je remplace par de l'eau, et puis c'est bon avec du nutella.
Déjà il faut faut faire une pâte, liquide donc, arriver à battre les ingrédients dans un saladier mouvant, tout en arrivant à se maintenir debout soi-même. (pour pimenter l'exercice, ce saladier décidemment peu coopératif comporte une petite fêlure et fuit un peu)
La seconde épreuve consiste à les faire cuire. C'est assez facile en temps normal lorsque la gazinière reste stable et la poêle ne menace pas d'attérir sur mes pieds. Une fois la crêpe cuite, il faut la poser délicatement dans son assiette, qui, au même titre que le saladier et la poêle subit les lois de la houle.
(Xavier se révèle d'une aide précieuse lors de cette étape puisqu'il intercepte la crêpe directement et ainsi la supprime.)

Je vous passe les explications concernant ma propre organisation lorsqu'il s'agit de faire pipi, mais la réussite tient surtout au fait de bien viser et d'évacuer le seau avant que la houle ne le fasse pour moi sans avoir pu atteindre le cockpit à temps.

Quand il s'agit de prendre une petite douche, mais surtout de se laver les cheveux, c'est tout le contraire, il faut bien viser la tête, le but étant de tout se renverser dessus sans gâcher une goutte. J'arrive ainsi à me laver avec moins de deux litres.

(à l'heure où j'écris, environ 7h30 du matin, j'ai reçu trois visites de dauphins. je les entend souffler dans mon dos, et j'aperçois leurs dorsales. Ce sont des bébés qui se sont apparemment affranchis des conseils de leurs parents, poussés par la curiosité. Ils repartent à peine ont ils vu le bateau)

Pour continuer avec mon organisation quotidienne, il faut immanquablement composer avec le mal de mer. Encore une fois, il semblerait que les femmes y soient plus sujettes que les hommes et je ne fais pas exception. Si vous lisez ce blog de bon matin en compagnie d'un café et d'un croissant, je vous conseille de passer quelques lignes, sinon j'espère que ma théorie pourra éclairer d'autres interessées.

j'ai constaté premièrement qu'un régime quasi exclusif à base de fruits se révèle le meilleur allié de ses moments peu agréables. Evidemment pas ceux qui sont acides, ma préférence va (et dans l'ordre) aux bananes, pommes, poires, clémentines, qui sont très faciles à régurgiter et ont exactement le même goût à la sortie!
Si jamais il me prenait l'envie de manger un repas salé, accidentellement trop relevé , (par exemple un taboulé qu'a fait Xavier avec "un peu" de Tabasco), je sais dorénavant que je prendrais le soin de manger une pomme en début de repas. Logiquement, c'est la pomme que je vomirais en dernier, ce qui sera bien plus agréable et doux pour ma pauvre gorge.
Les compotes sont aussi de bons alliés, malheureusement elles sont inexistantes en Espagne. Le coca se vomit très bien aussi. C'est agréable.

Pour briser certains rêves idéalistes, nous ne vivons pas (pas encore) tout nus, et nous ne sommes pas (pas encore) tout bronzés. Ma tenue de combat la plus féminine est composé d'un pull marin de laine, et d'un pantalon de coton long, et la nuit je réhausse tout cela d'une salopette imperméable renforcée sur les fesses pour éviter l'humidité, et de la grosse veste de quart antique de mon grand-père. Je me coiffe délicatement d'un bonnet de laine, et me pare de ma plus belle lampe frontale. Ainsi je suis prête pour une nuit en tête à tête avec les cargos.

Enfin, je dis ça, mais par mer calme nous pouvons cuisiner, nous laver, dormir, nous baffrer... heu, manger, vivre normalement, c'est idéal.
Comme ce matin où je contemple l'immensité de la mer en cherchant des yeux les dauphins, alors que le soleil me réchauffe doucement, je peux affirmer dans ces moments là que la vie est belle à bord de Goudrome.
Je vais aller réveiller Xavier qui souhaite élucider le mystère de la fumée du moteur... à bientôt
laurène

1 commentaire:

  1. hello les navigateurs!

    merci pour ces billets plein d'humour!

    je viens d'acheter d'occas sur amazon le livre de beate Kammler.
    Pas sur que je le fasse lire à madame....desfois qu'il me prenne l'envie de l'emmener autour du monde un de ces 4.

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